La Russie a signé mardi des accords militaires avec les régions rebelles géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud qui vont lui permettre d'y maintenir 3400 soldats pendant près d'un demi-siècle, «une occupation barbare» a aussitôt réagi Tbilissi.

«La Russie a la possibilité de construire, d'utiliser et de développer des infrastructures militaires et des bases militaires sur les territoires de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, et de créer des forces armées communes en temps de paix comme de guerre», a indiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense, Alexeï Kouznetsov, cité par l'agence Interfax, en annonçant la signature. La base en Abkhazie sera installée à Goudaouta, au nord de la capitale Soukhoumi, et celle en Ossétie du Sud à Tskhinvali, la capitale de la région. Quelque 1700 hommes seront déployés dans chacune d'elles pour une durée de 49 ans. À l'issue de ce délai, les accords seront reconduits automatiquement tous les cinq ans.

«La signature de ces accords vise à assurer la sécurité des républiques et des habitants de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie», a commenté le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, après avoir signé les documents avec ses homologues des deux régions séparatistes.

Il a précisé que d'autres accords allaient suivre, notamment dans le domaine de «la coopération militaro-technique», un terme employé en russe pour décrire les ventes d'armements.

Le chef adjoint de la commission des Affaires étrangères au Parlement géorgien, Guiorgui Kandelaki, a vivement dénoncé cette présence à long terme de soldats russes dans des régions séparatistes que l'essentiel de la communauté internationale n'a pas reconnues.

«Nous avons à faire à une occupation barbare. Cet accord est l'expression du renforcement de l'occupation et de la colonisation» russe, s'est-il emporté.

Les documents paraphés lundi étaient en préparation depuis plusieurs mois, Moscou ayant reconnu l'indépendance des deux territoires rebelles peu après sa victoire sur la Géorgie pendant une courte guerre pour le contrôle de l'Ossétie du Sud en août 2008.

Les troupes russes étaient déjà présentes en nombre en Abkhazie et en Ossétie du Sud avant la guerre. Elles s'y sont retirées après avoir pénétré  plus profondément en territoire géorgien, à quelques dizaines de kilomètres seulement de Tbilissi.

La Russie est par ailleurs déjà chargée pour cinq ans du contrôle des «frontières» abkhazes et sud-ossètes avec la Géorgie, en vertu d'accords signés en avril avec les régions séparatistes.

Le ministre russe de la Défense n'a rien dit du projet russe d'installer une base navale sur les rives de la mer Noire en Abkhazie. Les garde-frontières russes ont en revanche indiqué qu'ils protègeraient les eaux abkhazes et arraisonneraient tout navire géorgien y pénétrant.

«Si la frontière est violée, nous agirons en conformité avec la loi, nous arraisonnerons, nous prendrons les mesures qui s'imposent», a déclaré le chef-adjoint des garde-frontières, le général Viktor Troufanov, précisant cependant que les bateaux géorgiens ne seraient pas «détruits».

Le président abkhaze, Sergueï Bagapch, avait ordonné début septembre à sa marine de détruire les bâtiments géorgiens «violant son espace maritime» en réponse à un «acte de piraterie» de Tbilissi.

Il faisait allusion à un navire transportant du pétrole de Turquie destiné à l'Abkhazie, qui avait été arraisonné fin août par les forces géorgiennes, suscitant la colère des Russes et des Abkhazes.