D'incidents en «provocations», le ton est brusquement monté ces derniers jours entre la Russie et la Géorgie à la veille du premier anniversaire de leur guerre en Ossétie du Sud, le président géorgien Mikheïl Saakachvili évoquant même un «risque» de reprise du conflit.

La Russie a accusé mardi la Géorgie de préparer «des provocations» pour l'anniversaire de la guerre qui a opposé les deux pays en août 2008 en promettant de tout faire «pour retenir les tendances revanchardes» de Tbilissi.

«Les Russes exercent une pression constante. Les dernières manoeuvres sont préoccupantes, ils refusent de répondre aux appels des observateurs européens, et malheureusement les médias à Moscou annoncent une situation de conflit imminente», a déclaré Mikheïl Saakachvili, mardi, sur la radio française RTL.

«Il existe un risque» de reprise du conflit entre Moscou et Tbilissi, a ajouté le président géorgien, qui s'exprimait en français depuis la capitale géorgienne.

«Malgré tout ça, j'ai confiance dans l'Europe et les États-Unis pour qu'ils envoient un message clair» à la Russie, a-t-il ajouté.

Côté russe, le ton n'est pas plus cordial : «La situation (en Ossétie du Sud) est en effet tendue, les provocations de la partie géorgienne ne cessent pas», a commenté un porte-parole de la diplomatie russe.

«Les militaires et les gardes-frontières russes se trouvant en Ossétie du Sud ont été placés en état de vigilance renforcée», a-t-il précisé.

Des cérémonies du souvenir sont prévues du 7 au 10 août en Ossétie du Sud, région géorgienne dont Moscou a reconnu l'indépendance, ont indiqué les autorités locales.

Or, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, le gouvernement géorgien prépare à cette occasion «des agissements à caractère provocateur» près de la frontière.

«Dans cette région explosive, l'évolution des événements risque de devenir imprévisible», a-t-il prévenu dans une interview accordée au quotidien Rossiïskaïa Gazeta.

Samedi déjà, la Russie avait menacé dans un communiqué au ton martial de recourir de nouveau à la force contre la Géorgie.

M. Karassine a par ailleurs accusé les États-Unis de «renforcer encore la machine de guerre de Saakachvili». «Washington joue un rôle-clé dans le réarmement» géorgien, a-t-il dit dans un entretien avec l'agence Interfax mardi.

La Russie ne restera pas indifférente face à «quelqu'un qui tente à nouveau d'armer un régime imprévisible juste à nos frontières dans le Caucase», a-t-il tempêté, tandis que les gouvernements russe et américain ont amorcé ces derniers mois un timide rapprochement.

Les accusations de violations des termes du cessez-le-feu et de la «frontière» osséto-géorgienne se sont multipliées ces derniers jours.

Tbilissi soupçonne Moscou d'avoir des prétentions sur deux zones limitrophes : le village de Kvechi, dans le district de Gori en Géorgie, et les gorges de Trousso, territoire récemment qualifié par le président de l'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, de terre «traditionnellement ossète».

Les forces russes ont démenti avoir établi un poste de garde-frontières à Kvechi, cependant que la Géorgie affirmait qu'un poste de police géorgien situé près de l'Ossétie du Sud avait essuyé lundi soir des tirs de lance-grenades, ce qu'a nié Moscou.

Les observateurs de l'Union européenne sont désormais les seuls présents sur le terrain depuis le renvoi à la demande de Moscou des missions de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et de l'ONU. Ils n'ont pas accès à la république rebelle elle-même.

Ils n'ont pour l'heure «aucune preuve qui permette de confirmer (les) accusations mutuelles de tirs de mortiers» échangées au cours des jours précédents, a souligné lundi la présidence suédoise de l'Union européenne, qui s'est malgré tout dite «préoccupée».