Les ministres de la Défense de l'OTAN ont décidé jeudi de réduire leur présence militaire au Kosovo, au moment où les États-Unis les appellent à porter tout leur effort sur l'Afghanistan, opération prioritaire pour l'Alliance atlantique.

Dix ans après la guerre contre la Serbie, l'OTAN a donné jeudi son feu vert à une diminution progressive de sa force au Kosovo, la Kfor, actuellement de près de 14.000 hommes, parce que la situation s'y «est petit à petit améliorée», a annoncé le secrétaire général de l'alliance. Aux yeux des ministres réunis à Bruxelles, «les conditions politiques et de sécurité permettent un ajustement progressif de la configuration de la Kfor», a insisté Jaap de Hoop Scheffer.

Il a cependant souligné que «la Kfor restera au Kosovo pour garantir la sécurité et la stabilité».

Il n'y aura donc pour l'instant pas de retrait de l'OTAN de ce territoire dont l'indépendance unilatérale de la Serbie décrétée en février 2008 n'a été reconnue que par une soixantaine de pays et n'est toujours pas entérinée par l'ONU.

Ce dossier continue d'opposer l'OTAN à la Russie, alliée de la Serbie qui reste farouchement hostile à la sécession du Kosovo, où vit toujours une minorité serbe au milieu de la majorité albanaise.

Selon un diplomate, la réduction échelonnée des troupes «se fera en trois étapes» -la Kfor se voyant réduite d'abord à 10.000, puis 5.700 et enfin 2.200 hommes- et «pourrait prendre de un à deux ans».

M. de Hoop Scheffer a confirmé que dans une première phase la Kfor serait réduite à 10.000 hommes aux alentours du 1er janvier 2010.

Mais il n'a élaboré ni sur le calendrier ni sur les effectifs visés aux autres étapes. Il a souligné qu'«il n'y aurait aucune automaticité» et que les 28 pays de l'alliance devraient donner leur aval au lancement de chacune des trois étapes, si les conditions politiques le permettent.

Ainsi, la réduction de la Kfor ne démarrera concrètement que lorsque le commandant en chef de l'OTAN, John Craddock, aura obtenu l'accord des ambassadeurs des pays membres siégeant au Conseil de l'Atlantique Nord, a souligné le secrétaire général.

Selon un document de l'OTAN, la Kfor déployait au 3 juin 2009 quelque 13.829 soldats de 33 pays.

Les principaux contingents sont allemand (plus de 2.000), italien (1.935), américain (1.483) et français (1.368).

D'autres pays, aux armées moins nombreuses, ont une présence relativement importante, comme l'Autriche (6O6), la République tchèque (411), le Danemark (355) et la Slovénie (383).

Depuis la mise en place progressive à partir de décembre 2008 de la mission européenne de justice et de police, Eulex, plusieurs pays contribuant à la Kfor souhaitaient s'en retirer. D'autant que le gouvernement de Pristina a de son côté monté une force chargée de la sécurité intérieure, la KSF.

La réduction des forces du Kosovo facilitera-t-elle l'envoi de troupes européennes en Afghanistan ? C'est ce qu'espèrent les Américains, qui entendent rétablir la situation face aux talibans, priorité de l'administration Obama.

Pour faciliter une reprise en main, Washington, qui doit d'ici à fin 2009 porter à 68.000 hommes ses effectifs en Afghanistan, soit un doublement de sa présence, veut réorganiser en profondeur le commandement militaire à Kaboul.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates devait en débattre jeudi soir au cours d'un dîner à huis clos avec ses collègues. Et à nouveau vendredi lorsque la réunion ministérielle sera élargie aux pays participant à la force internationale placée sous commandement de l'OTAN, l'Isaf.