Le chef de file de l'extrême droite française Jean-Marie Le Pen s'est exposé mercredi à de nouvelles poursuites judiciaires ainsi qu'à une sanction symbolique du Parlement européen en qualifiant à nouveau de «détail» les chambres à gaz nazies.

Ce nouvel éclat a été déclenché par une altercation entre le fondateur du Front national, qui est un élu du Parlement européen, et le chef de file des socialistes dans cette institution, l'Allemand Martin Schulz.

M. Le Pen a estimé avoir été victime «d'accusations diffamatoires» de M. Schulz qui l'avait qualifié la veille de «vieux fasciste» et de «négationniste de l'Holocauste».

Réponse mercredi de l'intéressé lors d'un débat à l'assemblée de Strasbourg: «Je me suis borné à dire que les chambres à gaz étaient un détail de l'Histoire de la guerre mondiale, ce qui est une évidence». Des propos qui ont provoqué des huées d'une grande majorité des élus réunis en séance plénière.

Ce n'est pas la première fois que le chef de file historique de l'extrême-droite française réitère de telles déclarations.

Jean-Marie Le Pen les avait tenues la première fois sur une station de radio française en septembre 1987, ce qui lui avait valu une condamnation à 1,2 million de francs (183.200 euros) d'amende. Puis de nouveau en 2008 dans le magazine «Bretons».

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, présidée par l'eurodéputé conservateur Patrick Gaubert, a aussitôt annoncé mercredi examiner la possibilité de poursuites, et a réclamé la levée de l'immunité parlementaire de M. Le Pen.

Mais avec cette sortie, M. Le Pen a surtout convaincu le président du plus important groupe politique du Parlement, le conservateur Joseph Daul, de se rallier à une proposition des socialistes et des écologistes visant à modifier le règlement interne de l'institution. Afin que le doyen ne préside plus les sessions inaugurales.

Cette proposition avait été présentée avant la sortie de M. Le Pen mercredi. Mais ses propos minimisant les chambres à gaz ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

«Les propos négationnistes de M. Le Pen, réitérés dans l'enceinte du Parlement européen, le disqualifient pour présider, ne serait-ce qu'une seconde, notre institution à l'ouverture des travaux de la prochaine législature», a estimé M. Daul.

Le fondateur du Front national, qui à 80 ans se représente aux élections européennes dans le sud-est, aurait en effet de fortes chances, en tant que doyen d'âge, de présider la session inaugurale du Parlement suivant les élections du 4 au 7 juin, le 14 juillet.

Les socialistes vont proposer que la session inaugurale soit présidée «soit par le président sortant s'il est réélu, soit par l'un des vice-présidents sortants, soit par le député européen qui aurait la plus grande ancienneté», a précisé Martin Schulz.

Quant aux Verts, dont le co-président Daniel Cohn-Bendit avait indiqué mardi qu'ils avaient «toujours» été pour mettre un terme à la coutume «ringarde» du recours au doyen, ils préconisent de confier la présidence du Parlement «au plus jeune des eurodéputés. La question sera discutée jeudi.

Le règlement intérieur avait déjà été modifié sur la question du doyen après le scandale causé par le discours d'un autre doyen frontiste, l'ex-cinéaste français Claude Autant-Lara, en juillet 1989. Depuis, le doyen n'a plus le droit de prononcer un discours et se contente de superviser l'élection du président de la nouvelle assemblée.