Le président français, Nicolas Sarkozy, et plusieurs membres haut placés du gouvernement ont reçu, au cours des derniers jours, des lettres de menaces de mort accompagnées de balles de fusil.

L'Élysée, après avoir d'abord démenti la nouvelle, a confirmé hier, en après-midi, qu'un envoi de cette nature destiné au chef de l'État avait été reçu le 26 février.

 

La ministre de la Justice, Rachida Dati, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, ainsi qu'une demi-douzaine d'élus, tous issus des rangs du parti de la majorité, l'UMP, ont reçu des documents du même type.

Selon les informations qui ont filtré dans les médias français, l'expéditeur a utilisé, dans chaque cas, un texte plutôt confus menaçant plusieurs des élus précités, dont le président.

La police, qui a ouvert une enquête préliminaire, privilégierait pour l'heure l'hypothèse d'un forcené isolé. Les enquêteurs cherchent à le retrouver, notamment en analysant les enveloppes pour des traces de matériel génétique.

«Vous croyez disposer de nos vies et bien non, c'est nous qui disposons de la vôtre et de celles de vos familles et amis», prévient l'auteur des lettres, selon le quotidien régional Sud-Ouest.

Tout a commencé à la mi-février

Le premier élu à avoir été ciblé est le sénateur-maire de Béziers, Raymond Couderc, qui a reçu une lettre de menaces contenant une cartouche il y a deux semaines. «T'en fais pas, on va t'avoir. Tu crois pouvoir nous tenir, mais tu te goures. Sérieux, on va faire comme pour ton maître, une balle dans la tête», a écrit l'auteur.

M.Couderc, qui avait rapidement porté plainte à la police, a dit espérer que les autorités réussiraient à identifier rapidement le responsable «pour mettre fin à un climat malsain».

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, qui a confirmé hier avoir reçu une lettre il y a quelques jours, fait peu de cas de l'affaire.

«Ce n'est pas la première fois ni la dernière... Cela me laisse tout à fait serein», a indiqué l'ancien premier ministre, qui parle «des risques du métier».

Ces menaces surviennent dans un contexte de forte tension sociale liée à la difficile situation économique du pays. Hier, le premier ministre François Fillon a prévenu ses compatriotes que la crise serait «dure» et «longue» et qu'aucun plan de relance ne permettrait de l'éviter. Le gouvernement prévoit que le nombre de chômeurs augmentera de plus de 300 000 en 2009.

Les forces de l'ordre craignent que le climat actuel favorise les dérapages, notamment contre le chef de l'État, dont la cote de popularité est récemment passée sous la barre des 40%.

Un homme de Compiègne, qui travaille pour un équipementier automobile et qui a été arrêté après avoir envoyé un message de menaces au président en janvier, avait évoqué la situation économique du pays pour expliquer son geste.

«Nous, on subit le chômage partiel et Sarkozy joue les people. En plus, il ne tient pas ses promesses alors que j'ai voté pour lui. Ça m'a pris la tête alors j'ai écrit», a confié l'homme au quotidien Le Parisien, disant regretter son geste.