La fête du Noël orthodoxe, loin de ramener la paix, a été ponctuée hier par une nouvelle escalade de la «guerre du gaz» entre l'Ukraine et la Russie qui a eu pour effet de plonger dans le froid des milliers de familles en Europe centrale.

Les autorités ukrainiennes ont fait savoir en début de journée que tout envoi de gaz russe par leur territoire vers l'Europe était désormais interrompu, imputant ce nouveau développement à la décision du géant russe Gazprom de couper l'alimentation des gazoducs. Les autorités russes ont accusé Kiev d'être responsable de la situation et ont réclamé, au passage, l'envoi d'observateurs internationaux aux stations de pompage pour confirmer leurs prétentions. L'interruption, quelle que soit sa cause, s'est rapidement fait sentir dans plusieurs pays européens avides de gaz russe. En Bulgarie, des milliers de familles de deux villes de l'est du pays s'apprêtaient hier à passer une nuit dans le froid en raison de l'interruption de leur système de chauffage central. Dans la capitale, Sofia, plusieurs entreprises ont interrompu leur production. En Bosnie, autre pays durement touché, le ministre des Affaires étrangères a prévenu que quatre millions de citoyens étaient désormais «en danger «. Parmi les pays d'Europe de l'Ouest, l'Italie semblait la plus durement touchée, l'apport gazier russe représentant normalement 30% de sa consommation courante. Le gouvernement a toutefois fait savoir qu'il disposait d'importantes réserves, à l'instar de plusieurs autres pays de la zone.

 

L'UE réclame un règlement

L'Union européenne n'en réclame pas moins une règlement rapide du conflit, qui découle du fait que Moscou réclame des arriérés de plusieurs centaines de millions de dollars à l'Ukraine pour des livraisons de gaz effectuées en 2008. L'organisation a prévenu, sans donner plus de précision, qu'il y aurait une «intervention plus ferme» si l'alimentation en gaz n'était pas rétablie rapidement. Elle s'est dite prête à envoyer immédiatement des observateurs en sol ukrainien pour déterminer la responsabilité de chacun dans la crise. La réaction des autorités européennes est exacerbée par le fait que le continent est actuellement soumis à une vague de froid inusitée. En Roumanie, le mercure est passé sous la barre des -30 degrés Celsius. En Pologne, le froid a fait une dizaine de victimes. La France, quoiqu'à une moindre échelle, est aussi affectée par des températures bien en deçà des normales de saison, la consommation d'électricité atteignant, sur l'ensemble du territoire, des niveaux records. À Paris, les piétons s'accommodent tant bien que mal de l'inhabituelle couche de glace et de neige qui recouvre plusieurstrottoirs.

Les sans-abri, nombreux dans les rues de la capitale, se terrent sous des amas de couvertures, cherchant à tirer quelque réconfort de tord-boyaux et de la sollicitude inusitée des passants. Même la tour Eiffel a dû être fermée, le temps de rendre praticable les plateformes et les escaliers. Dans le sud du pays, plus connu pour ses champs de lavande et ses plages, la circulation était fortement perturbée hier en raison d'importantes chutes de neige. Le trafic ferroviaire, aérien et autoroutier a notamment été interrompu dans la région de Marseille.