Des talibans pakistanais retiennent en otage l'ingénieur polonais enlevé dimanche dans le nord du Pakistan, a affirmé jeudi un porte-parole de ces combattants islamistes.

Des hommes armés avaient kidnappé dimanche matin l'ingénieur Piotr Stanczak et tué ses deux chauffeurs pakistanais ainsi qu'un garde du corps. L'attaque avait eu lieu près du village de Pind Sultani, dans le district d'Attock de la province du Pendjab, à environ 110 km au nord-est d'Islamabad.

«Il est avec nous. Nous l'avons enlevé», a déclaré Mohammad, porte-parole des talibans pakistanais, actifs dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan frontalières avec l'Afghanistan.

Le porte-parole s'adressait au téléphone, depuis la région de Darra Adam Khel, à des journalistes installés à Peshawar, la grande ville du nord-ouest du Pakistan.

La société pétrolière polonaise Geofizyka Cracovie, qui emploie M. Stanczak, avait annoncé lundi qu'elle s'apprêtait à retirer tout son personnel du Pakistan. La soeur de l'ingénieur, Danuta Paszek, avait lancé la veille un appel désespéré en faveur de sa libération.

Jusqu'à présent, cet enlèvement et ces meurtres n'avaient pas été revendiqués.

Mais interrogé dimanche sur les probables auteurs du rapt, un responsable de la police pakistanaise, Faisal Manzoor, avait laissé entendre qu'il pouvait s'agir de combattants talibans.

Début septembre, les talibans pakistanais avaient revendiqué l'enlèvement de deux ingénieurs chinois, de leur chauffeur et d'un garde du corps pakistanais, portés disparus depuis fin août dans le nord-ouest du Pakistan.

Dans cette région, dans le district de Bajaur, au coeur des zones tribales, l'armée pakistanaise mène depuis début août une vaste offensive, présentée comme essentielle, dans la lutte contre des combattants islamistes proches des talibans et d'Al-Qaïda.

Bajaur est considéré comme une base arrière des talibans qui combattent les troupes internationales en Afghanistan et un bastion du réseau terroriste Al-Qaïda.

Les États-Unis, qui multiplient depuis l'Afghanistan les tirs de missiles et font des incursions dans les zones tribales du Pakistan, sont convaincus que les talibans afghans et Al-Qaïda y ont reconstitué leurs forces, grâce au soutien de talibans pakistanais.

Les experts estiment que les zones tribales pakistanaises, qui longent la frontière afghane, extrêmement poreuse, sont devenues le «nouveau front de la guerre contre le terrorisme».