(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé mardi l’Iran d’être la « nouvelle base » du réseau djihadiste Al-Qaïda, « pire » que l’Afghanistan au moment des attentats du 11 septembre 2001.

Dans un discours à Washington huit jours avant la fin du mandat du président Donald Trump, il a également confirmé pour la première fois officiellement la mort en août dans les rues de Téhéran du numéro deux d’Al-Qaïda Abdullah Ahmed Abdullah, alias Abou Mohammed al-Masri. Le New York Times avait rapporté en novembre qu’il avait été abattu par des agents israéliens lors d’une mission secrète commanditée par les États-Unis.

PHOTO FOURNIE PAR LE FBI, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Cette photo non datée diffusée par le FBI le 13 novembre 2020 montre Abdullah Ahmed Abdullah.

Le secrétaire d’État n’a pas évoqué les circonstances du décès ni confirmé l’implication israélienne et américaine. Mais il a utilisé cet évènement récent pour appuyer ses accusations de liens entre l’Iran chiite et la nébuleuse islamiste sunnite fondée par Oussama ben Laden, souvent contestées ou minimisées par plusieurs spécialistes.

« Al-Qaïda a une nouvelle base : c’est la République islamique d’Iran », a-t-il martelé devant le National Press Club.

Le résultat, c’est que la création diabolique de ben Laden est en passe de se renforcer et d’accroître ses moyens d’action. Si nous ignorons cet axe Iran/Al-Qaïda, c’est à nos risques et périls. Nous devons le reconnaître. Nous devons l’affronter. Nous devons le vaincre.

Le secrétaire d’État Mike Pompeo

Selon Mike Pompeo, fer de lance de la politique de « pression maximale » contre Téhéran depuis que Donald Trump a sorti les États-Unis en 2018 de l’accord international censé empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, c’est justement en 2015, parallèlement à la négociation de ce texte, que l’alliance s’est réellement forgée.

À ce moment-là, a-t-il dit en assurant dévoiler « des informations nouvelles pour le public », « l’Iran a décidé de permettre à Al-Qaïda d’installer un nouveau quartier général opérationnel », à condition de « respecter » les règles iraniennes.

Le ministre des Affaires étrangères a également annoncé des sanctions contre des chefs du réseau djihadiste « basés en Iran », à savoir Muhammad Abbatay, alias Abderahman al-Maghrebi, et Sultan Youssef Hassan al-Arif. Ainsi qu’une récompense pouvant atteindre sept millions de dollars pour localiser ou identifier Al-Maghrebi.

L’Iran renvoie à Pompeo ses accusations

Le chef de la diplomatie iranienne a répondu mardi d’un tweet aux accusations de son homologue américain Mike Pompeo selon lesquelles l’Iran serait la « nouvelle base » d’Al-Qaïda, en renvoyant les États-Unis à leurs liens avec l’Arabie saoudite notamment.

« Personne n’est dupe. Tous les terroristes du [11-Septembre] venaient des destinations favorites [de M. Pompeo] au Moyen-Orient ; AUCUN d’Iran », écrit Mohammad Javad Zarif. La majorité des auteurs des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis était d’origine saoudienne.

« De la désignation de Cuba » (comme État « soutenant le terrorisme », annoncée la veille par M. Pompeo) « aux accusations (contre l’Iran) à propos d’Al-Qaïda », « Monsieur Nous-mentons-trichons-volons termine de façon pathétique sa carrière désastreuse avec encore davantage de mensonges à consonance belliqueuse », écrit M. Zarif.

M. Zarif fait référence à des propos tenus par M. Pompeo en 2019 sur son expérience à la tête de l’Agence centrale du renseignement américain (CIA) en 2017 et 2018. « Nous avons menti, nous avons triché, nous avons volé », avait déclaré le secrétaire d’État.