De nombreuses photos et vidéos circulent sur l'internet depuis que Donald Trump a mis en place sa politique de tolérance zéro face à l'immigration illégale, ce qui a mené plus de 2300 enfants à être séparés de leurs parents à la frontière entre États-Unis et Mexique. Mais beaucoup d'entre elles ne correspondent pas à la réalité.

Vendredi, après la publication d'un décret du président américain marquant son revirement vis-à-vis de cette politique, le doute demeurait sur le temps que mettront ces mineurs à retrouver leurs familles.

Au moins trois images, largement partagées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, illustrent des situations qui ne sont pas celles vécues par les 2342 enfants détenus en raison de leur statut migratoire irrégulier.

La première montre une fillette hondurienne, Yanela Varela, en larmes. Elle est vite devenue sur Twitter ou Facebook un symbole de la douleur provoquée par la séparation des familles.

Time en a fait sa Une, mettant face à face, sur fond rouge, la petite fille apeurée et un Donald Trump faisant presque trois fois sa taille et la toisant avec ce simple message: «Bienvenue en Amérique».

Pourtant, au Honduras, la responsable de la Direction de protection des migrants au ministère des Affaires étrangères, Lisa Medrano, a donné à l'AFP une toute autre version: «La fillette, qui va avoir deux ans, n'a pas été séparée» de ses parents.

Son père, Denis Varela, a confirmé au Washington Post que sa femme Sandra Sanchez, 32 ans, n'avait pas été séparée de Yanela et que les deux sont actuellement retenues dans un centre pour migrants dans la ville de McAllen, au Texas.

Le magazine a reconnu dès mardi sur l'internet son erreur à propos de «ce qui est arrivé à la fillette de la photo après (...). La petite fille n'a pas été emmenée en larmes par des agents de la police frontalière des États-Unis, sa mère est venue la chercher et elles ont été emmenées ensemble».

Un autre cliché montre une vingtaine d'enfants derrière une grille, certains d'entre eux tentant d'y grimper. Il circule depuis des jours comme une supposée photo de centres de détention pour mineurs à la frontière mexicaine.

Mais son auteur, Abed Al Ashlamoun, photographe de l'agence EPA, a pris cette image en août 2010 où l'on voit des enfants palestiniens attendant la distribution de nourriture pendant le ramadan à Hébron, en Cisjordanie.

Enfin, une troisième image est celle d'un enfant en train de pleurer dans ce qui semble une cage, et qui remporte un grand succès sur Twitter, où elle a par exemple été partagée au moins 25 000 fois sur le compte. Il s'agit d'un extrait d'une photo qui mettait en scène des arrestations d'enfants lors d'une manifestation contre la politique migratoire américaine et publiée le 11 juin dernier sur le compte Facebook Brown Berets de Cemanahuac.

Les trois photographies mentionnées et amplement partagées sur l'internet ont été sorties de leur contexte et détournées, et ne peuvent servir de preuve des conditions de vie dans les centres de détention de mineurs clandestins.