Huit mois après avoir pris le contrôle de tous les pouvoirs à Washington, les républicains ont renoncé à abroger la loi sur la couverture maladie de Barack Obama, faute de consensus sur ce qui doit remplacer le texte démocrate.

> Réagissez sue le blogue de Richard Hétu

Le président Donald Trump avait repris à son compte cet engagement de campagne républicain, répété à chaque élection depuis 2010. Il a incité ses partenaires de la majorité, au printemps, cet été et encore cet automne, à surmonter leurs différends et à adopter une réforme, quelle qu'elle soit, afin de pouvoir annoncer à son électorat: promesse tenue.

Las, les républicains modérés ont refusé de soutenir un détricotage qui aurait pu faire perdre à des millions d'Américains leur assurance santé, effaçant les avancées des dernières années. Et les plus conservateurs ont rejeté les diverses moutures du plan républicain car elles n'abrogeaient pas entièrement Obamacare. Une insoluble quadrature du cercle.

Après quelques semaines de négociations en coulisses pour raviver la tentative, la majorité a officiellement jeté l'éponge mardi, à quelques jours de la date-butoir du 30 septembre, fin de l'année budgétaire.

«Nous avons décidé, puisque nous n'avons pas les voix, de reporter le vote», a déclaré l'un des deux parrains de la réforme, le sénateur Bill Cassidy. «Nous y arriverons un jour», a ajouté l'autre, son collègue Lindsey Graham.

En juillet, ils étaient allés jusqu'au vote sur une autre version, qui avait échoué à cause des défections de trois des 52 sénateurs de la majorité (sur 100 sièges au total). À chaque fois, John McCain était parmi les rebelles, provoquant la fureur de Donald Trump.

«Nous sommes très déçus de certains soi-disant républicains», a déclaré le dirigeant.

Les promoteurs de l'abrogation ont affirmé qu'ils reviendraient à la charge l'an prochain. Mais à moyen terme, cette page est tournée.

Le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, a annoncé que la priorité était désormais la réforme de la fiscalité, promise avant la fin de l'année et qui a pris du retard. Son cadre doit être dévoilé mercredi.

Faute partagée

L'échec est autant celui du parti républicain que celui de Donald Trump. Le premier avait fait de l'abrogation un cri de ralliement pendant sept ans, mais s'est révélé incapable de formuler un système alternatif à Obamacare, susceptible de faire baisser les coûts des soins sans exclure personne du système d'assurance santé.

Quant au milliardaire, il vient de démontrer que son influence sur le Congrès est limitée.

Le chef de l'exécutif a eu beau tantôt amadouer, tantôt menacer les sénateurs républicains, ceux-ci n'ont pas hésité à lui dire non, craignant bien plus la réaction des habitants de leurs États que la fureur d'un président finalement peu intéressé par les subtilités du système de santé.

Les trois rebelles républicains se sont opposés pour des raisons diverses. John McCain jugeait la proposition de loi bâclée; le conservateur Rand Paul la trouvait trop timide; et la sénatrice modérée du Maine, Susan Collins, l'estimait cruelle pour les plus pauvres, qui auraient vu leur accès aux soins réduit. D'autres semblaient prêts à se joindre à eux.

«Les Américains ont remporté une grande victoire», a claironné le sénateur et ex-candidat à la Maison-Blanche Bernie Sanders, apparenté au groupe démocrate.

«Mais nous savons bien que le statu quo ne suffira pas. Il est temps de rejoindre le reste du monde industrialisé et de garantir à tous les Américains l'accès aux soins, grâce à un programme Medicare pour tous», a-t-il déclaré. Medicare est l'assurance santé publique pour les plus de 65 ans, que l'élu socialiste veut étendre à toute la population.

L'opposition démocrate est loin d'être unie derrière l'idée d'une couverture maladie à la Française. Les démocrates ont proposé à la place de collaborer avec les républicains pour «réparer» Obamacare, qui a conduit à une hausse du prix des assurances pour une petite partie de la population.