Le nouveau chef des communications de la Maison-Blanche, tout juste nommé pour donner un nouvel élan à la présidence de Donald Trump, a commis ses premiers dérapages en insultant avec une extrême vulgarité ses collaborateurs de l'exécutif américain.

Nommé le 21 juillet par Donald Trump pour refonder la communication présidentielle, Anthony Scaramucci, un financier de Wall Street, avait promis un coup de balai dans une Maison-Blanche minée par les luttes de clans et plombée par un climat délétère. Un grand ménage pour essayer de colmater les fuites de toutes parts et les révélations fracassantes autour du président républicain qui font les délices de la presse.

Mais selon un récit explosif publié jeudi soir par le magazine The New Yorker, M. Scaramucci a dérapé en traitant le secrétaire général de la Maison-Blanche Reince Priebus de «putain de paranoïaque» et en insultant avec des grossièretés à caractère sexuel le conseiller Steve Bannon.

Le correspondant à Washington du New Yorker relate ainsi une conversation téléphonique qu'il a eue mercredi soir avec Anthony Scaramucci.

«Mooch», pour les intimes», appelle le journaliste pour se plaindre d'un tweet révélant un dîner entre le président Trump, sa femme Melania et des cadres de la chaîne de télévision Fox News. «Qui vous a fait fuiter cela?», demande M. Scaramucci au reporter lequel refuse de dévoiler sa source.

Alors, le nouveau tsar des communications à la Maison-Blanche menace: «Ce que je vais faire, c'est éliminer tout le monde dans l'équipe de communication et tout recommencer à zéro».

«Je les virerai tous», tonne M. Scaramucci, cité par le New Yorker.

«Putain de paranoïaque»

Toujours d'après le journal, il s'en prend ensuite de manière particulièrement grossière à son rival, M. Priebus.

«Reince est un putain de schizophrène paranoïaque, un paranoïaque», assène M. Scaramucci qui soupçonne ce cacique du parti républicain devenu secrétaire général de la Maison-Blanche d'être derrière les fuites à répétition.

Puis usant d'un vocabulaire à caractère sexuel extrêmement grossier, M. Scaramucci vise M. Bannon, le très controversé stratège en chef de Donald Trump, affilié à l'extrême droite: «Je ne suis pas Steve Bannon, je n'essaie pas de sucer ma propre bite».

Face à la tempête qui soufflait jeudi soir dans le Landernau de Washington, M. Scaramucci a semblé faire amende honorable sur Twitter: «Je m'exprime parfois avec un langage fleuri. Je m'abstiendrai dans ce cadre, mais je ne renoncerai pas à mon combat passionné pour le programme de @realDonaldTrump».

Il n'en est pas à son premier coup d'éclat contre Reince Priebus.

Mercredi, il l'avait accusé d'être derrière une fuite sur son patrimoine financier et l'avait menacé sur Twitter de «contacter le FBI et le département de la Justice (...) @Reince45». Il a cependant rapidement effacé ce tweet.

Né à Long Island dans l'État de New York, dans une famille d'immigrés italiens de la classe moyenne, diplômé d'Harvard, passé par Goldman Sachs, patron de fonds d'investissement pour clients richissimes, Anthony Scaramucci est un gros donateur du parti républicain. Il a été trésorier de la campagne présidentielle de Mitt Romney en 2012, collecte des fonds lors des primaires républicaines de 2016 avant de rejoindre le camp de Donald Trump.

M. Scaramucci, 53 ans, à la mise toujours impeccable, ne faisait pas mystère de son envie de rejoindre la Maison-Blanche. Il n'avait cessé ces dernières semaines de défendre Donald Trump au gré des révélations explosives sur les ingérences russes dans la présidentielle américaine.

Nouveau directeur des communications - un poste normalement moins exposé que celui de porte-parole - il avait promis un «nouveau départ» avec les médias traditionnels, comme CNN ou le New York Times, que le président Trump traite régulièrement de «presse bidon».

Mais sur CNN jeudi matin, l'ancien financier new-yorkais a réaffirmé qu'il ferait tout pour arrêter «des fuites malfaisantes et malvenues, des coups de poignard dans le dos à la manière des intrigues de palais».  Dimanche, M. Scaramucci avait fait le tour des émissions télévisées pour menacer de «licencier tout le monde» si les fuites autour de la présidence Trump continuaient.