La sacoche en cuir bombée doit à sa forme le surnom de «ballon de football». À l'intérieur, de quoi déclencher une frappe nucléaire. Et Donald Trump, qui sera investi vendredi à la présidence américaine, s'apprête à en hériter.

Peu après avoir prêté serment, le républicain prendra le contrôle de la plus puissante armée au monde et de son arme la plus redoutée.

Pour lui permettre de déclencher un tir de missile nucléaire à tout moment, la mallette de 20 kilos tapissée d'aluminium, qui contient la procédure et les équipements de communication nécessaires, le suivra partout où il se déplacera, portée par un militaire.

On ne sait pas encore où ni quand exactement le milliardaire new-yorkais sera informé de la procédure, un rite de passage obligé pour tous les nouveaux occupants du Bureau ovale.

Mais, explique le site Politico, nombre d'anciens présidents américains ont reçu les codes de l'arme atomique quelques heures avant l'investiture dans la résidence de Blair House, près de la Maison-Blanche.

Si cette règle se perpétue, le 45e président des États-Unis devrait donc les recevoir vendredi matin avant de se rendre au Capitole.

En complément du «ballon de football», qui accompagne partout le président américain depuis 1963 selon le magazine Smithsonian, Donald Trump héritera également du «biscuit»: une carte format poche avec les codes nécessaires pour déclencher une attaque nucléaire.

«Comment lui faire confiance ?»

Le commandant en chef des armées doit pouvoir réagir rapidement en cas d'attaque atomique visant les États-Unis, puisque la décision d'une éventuelle riposte doit être prise dans les cinq minutes.

Concrètement, il devra entrer les codes par un canal sécurisé avec le centre de commandement du Pentagone et décider de l'ampleur de la frappe ou encore de la cible.

«Il n'a pas besoin de consulter quiconque», racontait en 2008 Dick Cheney, l'ancien vice-président de George W. Bush. «Il n'a pas à appeler le Congrès. Il n'a pas à consulter les tribunaux. Il possède cette autorité en raison de la nature du monde dans lequel nous vivons».

Comment Donald Trump réagira-t-il à ce breffage nucléaire très particulier et comment gèrera-t-il cette responsabilité ?

Dans ses mémoires publiés en 1999, l'ancien porte-parole de Bill Clinton, George Stephanopoulos, a décrit l'ancien président, sortant de cette rencontre matinale quelques heures avant d'entrer à la Maison-Blanche, rapporte Politico.

«L'homme qui devait commander l'armée la plus puissante du monde (en) est sorti (...) silencieux et plus sombre que je ne l'avais jamais vu», écrivait M. Stephanopoulos.

Pendant la campagne présidentielle remportée par Donald Trump, la personnalité de ce dernier avait été moquée par le président sortant Barack Obama, le jugeant trop «inconstant» pour se voir confier une arme aussi destructrice.

«Comment pouvez-vous lui faire confiance avec les codes nucléaires? Vous ne pouvez pas», avait lancé Barack Obama en octobre, dans la dernière ligne droite de la campagne.

«Si quelqu'un ne peut pas gérer un compte Twitter, il ne peut pas gérer les codes nucléaires», avait-il insisté.

Donald Trump, novice en politique autant qu'en matière de stratégie nucléaire, a en tout cas récemment vanté la nécessité de renforcer l'arsenal nucléaire américain.

Il avait prévenu en mars de l'an dernier sur MSNBC qu'il serait le «dernier à utiliser l'arme nucléaire parce que ça siffle un peu la fin de la partie». Mais il n'avait pas non plus exclu de l'utiliser.