Si les centaines de personnes qui protestaient contre le projet d'oléoduc Dakota Access, au Dakota du Nord, se sont réjouies, plus tôt ce mois-ci, de la décision de Barack Obama de ne pas faciliter sa construction, l'incertitude refait surface à l'approche de l'entrée en fonction du président désigné Donald Trump.

«Avec Trump qui entre en poste, vous ne pouvez tout simplement pas célébrer», dit Laundi Germaine Keepseagle, qui habite la réserve de Standing Rock, où des autochtones et des écologistes ont occupé un campement près de la frontière qui sépare les États du Dakota du Nord et du Sud.

L'anxiété qui règne autour de ce projet d'oléoduc de quelque 1900 kilomètres de long témoigne d'une inquiétude d'autant plus profonde au terme de huit années considérées comme phares en matière de reconnaissance des droits des Premières Nations aux États-Unis.

Le président sortant Barack Obama a été chaudement applaudi par des autochtones américains pour avoir mis en lumière leurs préoccupations par la tenue de rencontres annuelles avec les leaders de leurs communautés.

Sous ses deux mandats, les élus américains ont consolidé la loi sur le système de santé des Premières Nations, laquelle implique un meilleur accès aux soins préventifs et en santé mentale tout en tenant compte du problème de recrutement des médecins dans les réserves.

Le département de l'Intérieur a par ailleurs rétabli la notion de «territoires tribaux» en plaçant plus de 500 000 acres sous contrôle d'administrations autochtones.

Le département de la Justice a également facilité le processus judiciaire pour les femmes autochtones qui souhaitent porter plainte pour avoir été victimes d'agressions par des non autochtones.

«Selon moi, le président Obama a été le meilleur président en ce qui concerne les relations avec Premières Nations», estime Brian Cladoosby, président de la tribu Swinomish, au nord de Seattle, et président du Congrès national des Amérindiens.

Donald Trump, pour sa part, a rarement parlé des Premières Nations durant sa campagne électorale. Il n'a pas dit publiquement ce qu'il comptait faire pour gérer ou améliorer les relations du gouvernement américain avec les tribus autochtones.

Son candidat pour le poste de secrétaire à l'Intérieur, Ryan Zinke, a parrainé un projet de loi qui, selon lui, donnera aux tribus un plus grand contrôle sur le charbon et les autres combustibles fossiles sur leurs terres.

Mais certaines des promesses de campagne les plus importantes du président désigné - l'abrogation de la loi sur l'assurance maladie et la construction d'un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique - pourraient entrer en contradiction avec les intérêts des autochtones.

En Arizona, des leaders de la nation Tohono O'odham ont promis de s'opposer à tout projet de construction d'un mur le long de la section frontalière parallèle à leur territoire. Le Conseil national de la santé des Indiens, à Washington, entend travailler en collaboration avec les élus du Congrès pour s'assurer que les droits des autochtones en matière de santé soient respectés.

Aux États-Unis comme au Canada, le rôle du gouvernement fédéral dans la vie quotidienne des autochtones est régi par des traités et des lois qui prévoient une importante implication gouvernementale dans des domaines comme la santé, la sécurité et l'éducation.

Certains membres des tribus se demandent à quel point M. Trump comprend ou se soucie de leur relation unique avec le gouvernement fédéral.

«Je crois qu'il y a eu beaucoup d'espoir, ici dans le »pays indien«, avec le dialogue direct que le président Obama a établi avec les nations tribales», explique Duane «Chili» Yazzie, président de la communauté Shiprock de la nation Navajo. «Je serais surpris qu'un effort similaire de communiquer avec nous soit mené par l'administration Trump».