L'équipe de Donald Trump et le parti républicain ont rejeté samedi une information de la CIA rapportée par le Washington Post selon laquelle la Russie est intervenue dans la présidentielle pour aider à faire élire le milliardaire, qui pourrait choisir comme chef de sa diplomatie un proche en affaires de Vladimir Poutine.

Le PDG du géant pétrolier ExxonMobil, Rex Tillerson, qui entretient d'étroites relations d'affaires avec le président russe, serait favori pour le poste de secrétaire d'État, selon plusieurs médias américains, la chaîne NBC affirmant qu'il aurait été déjà choisi par le président élu.

L'équipe de transition de M. Trump a rejeté les conclusions de la célèbre agence américaine du renseignement, jugeant que les analystes qui les ont produites «sont les mêmes que ceux qui disaient que (l'ancien président irakien) Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive».

«Les agences de renseignement se trompent. Il n'y a pas eu» de piratage du parti républicain comme l'affirme le New York Times, a estimé de son côté le porte-parole du parti républicain, Sean Spicer, sur CNN.

Selon le quotidien new-yorkais, les pirates informatiques russes ont attaqué non seulement le parti démocrate, mais aussi le parti républicain, mais n'ont rien diffusé de leurs découvertes sur cette dernière cible.

Enquête bipartite

Le futur chef de ma minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer a réclamé samedi une enquête bipartite du Congrès. «Qu'un pays ait pu intervenir dans nos élections devrait profondément ébranler les deux partis politiques».

Les conclusions de la CIA ont été publiées vendredi soir peu après que Barack Obama a ordonné un rapport exhaustif sur les piratages informatiques menés pendant la campagne.

Début octobre, le département de la Sécurité intérieure (DHS) et la direction du renseignement (DNI) --qui chapeaute les 17 agences américaines de renseignement-- avaient conclu que la Russie avait piraté les comptes de personnalités et d'organisations politiques dans le but «d'interférer dans le processus électoral américain».

Mais depuis le scrutin qui a vu le républicain l'emporter face à Hillary Clinton, des interrogations demeurent sur la nature exacte de cette ingérence.

Interrogé cette semaine par le magazine Time pour savoir si les conclusions de ces agences étaient politiquement motivées, Donald Trump avait répondu: «je le crois».

Pour tenter d'y voir plus clair avant de remettre les clés de la Maison-Blanche à Donald Trump le 20 janvier, le président Obama a réclamé en début de semaine un «examen complet sur ce qui s'est passé lors du processus électoral 2016», a expliqué vendredi sa conseillère à la sécurité intérieure, Lisa Monaco.

Quelques heures plus tard, le Washington Post a révélé qu'une évaluation secrète de la CIA concluait que des personnes liées à Moscou ont fourni au site WikiLeaks des courriels piratés sur les comptes de l'ancien directeur de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton, John Podesta, et du parti démocrate, entre autres.

Le FBI savait

«La communauté du renseignement estime que l'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à un autre, d'aider Trump à être élu», a indiqué au Washington Post un haut responsable.

Le Post note toutefois que l'évaluation de la CIA est loin de refléter la position des 17 agences américaines du renseignement.

Un autre haut responsable cité par le New York Times affirme avoir «désormais la pleine assurance qu'ils (les Russes) ont piraté le DNC (parti démocrate) et le RNC (parti républicain) et n'ont pas diffusé volontairement de documents» de l'organisation républicaine.

Le quotidien se demande toutefois quand la Russie a apporté son soutien à Trump. «Beaucoup de responsables du renseignement --et d'anciens responsables de l'équipe de campagne de Mme Clinton-- pensent que l'objectif premier des Russes était simplement de perturber la campagne et de saper la confiance dans la légitimité du scrutin».

Un autre responsable cité par le Post note que le renseignement américain ne dispose d'aucune preuve montrant que le Kremlin aurait «ordonné» à des intermédiaires de transmettre les courriels piratés au site WikiLeaks, qui se défend d'avoir été manipulé par la Russie.

Le chef sortant de la minorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a accusé le patron du FBI James Comey d'avoir «refusé de divulguer» que Moscou cherchait à faire élire Donald Trump.

«On serait aveugle de ne pas voir que les actions de la Russie ont toutes été préjudiciables à Mme Clinton et favorables à M. Trump. Il ne s'agit pas d'une coïncidence», a estimé le leader des démocrates à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff.

Mais pour le président républicain de cette même commission, Devin Nunes, «il n'y a pas de preuves claires» et «beaucoup d'insinuations».