Donald Trump a annoncé jeudi deux nominations controversées, avec un fervent défenseur des énergies fossiles à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement et le patron d'une chaîne de restauration rapide opposé à la hausse du salaire minimum au ministère du Travail.

À peine annoncées, ces nominations ont provoqué une levée de boucliers chez les écologistes et les syndicalistes.

Le futur président des États-Unis, attendu jeudi soir dans l'Iowa pour une troisième réunion publique de «remerciements» dans un État qui l'a élu, a choisi Andrew Puzder comme ministre du Travail et Scott Pruitt, un républicain de 48 ans, pour diriger l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

«Andy Puzder a crée et  encouragé les carrières de milliers d'Américains et le vaste bilan de sa lutte en faveur des travailleurs en font le candidat idéal pour mener le ministère du Travail», a écrit Donald Trump dans un communiqué. Toutes ses nominations doivent ensuite être confirmées par le Sénat, dominé par les républicains.

«Contre les travailleurs» 

Patron millionnaire de la chaîne de fast-food CKE Restaurants, Andrew Puzder estime qu'une hausse du salaire minimum génère des pertes d'emplois chez les moins qualifiés et soutient l'abrogation de la réforme de l'assurance-santé Obamacare.

«Puzder a démontré qu'il ne soutient pas les travailleurs», a réagi la présidente de l'Union internationale des employés de services (SEIU), Mary Kay Henry, selon le compte Twitter de l'organisation américaine.

Du côté de l'environnement, Scott Pruitt a passé l'essentiel de sa carrière comme ministre de la Justice de l'Oklahoma à se battre contre l'agence à la tête de laquelle il a été nommé.

Désireux de casser les réglementations sur les émissions polluantes, il a mené une bataille judiciaire contre la règlementation de l'EPA visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon, en étroite liaison avec le secteur.

«Depuis trop longtemps et de manière incontrôlée, l'EPA a dépensé l'argent du contribuable pour un programme anti-énergies qui a détruit des millions d'emplois», a fait valoir Donald Trump.

M. Pruitt s'est engagé à «défaire les régulations fédérales et tout ce que l'administration Obama a accompli sur le front du changement climatique», a déploré jeudi Michael Burger, directeur du Sabin Center sur le climat à l'université Columbia.

«Si Trump essaye de revenir sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement, nous le combattrons dans les tribunaux, dans la rue et au Congrès», a promis Michael Brune, qui dirige l'ONG Sierra Club, forte de 2,4 millions de membres.

Pour le sénateur démocrate Bernie Sanders, M. Pruitt non seulement «dit ne pas croire au changement climatique» mais veut aussi «rendre ce pays plus dépendant» des énergies fossiles.

M. Trump a précisé que l'EPA se concentrerait désormais sur la protection de l'air et de l'eau, des projets consensuels mais qui ne sont que deux des nombreuses missions de l'agence.

Selon le magnat de l'immobilier, l'abrogation des régulations va créer plus de 500 000 emplois par an et générer 30 milliards de dollars de hausses de salaires.

Le président élu a promis durant sa campagne de défaire les lois et réglementations contre le réchauffement climatique. Il avait même indiqué son intention de retirer les États-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, de l'accord de Paris sur le climat.

Rencontre avec DiCaprio 

M. Trump a toutefois semblé modérer sa position après son élection, disant au New York Times qu'il «gardait un esprit ouvert» sur le sujet.

Il a d'ailleurs longuement reçu lundi à New York l'ancien vice-président Al Gore, célèbre apôtre de la lutte contre le réchauffement. Une conversation «intéressante» et «appelée à se poursuivre», a dit Al Gore, qui a aussi rencontré Ivanka Trump, susceptible d'adoucir la position de son père sur ce sujet.

Et mercredi, c'était au tour de l'acteur Leonardo DiCaprio, autre ardent défenseur de l'environnement, de  rencontrer Donald Trump et sa fille, ainsi que d'autres conseillers, pour tenter de le convaincre qu'investir dans les infrastructures «vertes» pourrait créer des millions d'emplois aux États-Unis. Ils pourraient se revoir en janvier sur demande du président élu, selon la Fondation Leonardo DiCaprio.

Outre la nomination de M. Pruitt, les écologistes craignent l'entrée au cabinet de M. Trump du PDG du géant pétrolier ExxonMobil, Rex Tillerson, cité pour devenir chef de la diplomatie américaine.

Le nom de l'ancien PDG du groupe automobile Ford, Alan Mulally, circulait aussi jeudi pour ce poste.

Donald Trump a déjà pourvu neuf des 15 postes de son prochain cabinet. Quatre Américains sur dix approuvent ses premiers choix, y compris ceux des hauts conseillers à la Maison-Blanche, un pourcentage bien inférieur à celui qu'obtenait Barack Obama en décembre 2008 (71%) et George W. Bush en janvier 2001, avant sa prise de fonction (58%), selon le centre de recherche Pew.