Le magazine Time a désigné mercredi Donald Trump «Personnalité de l'année» 2016, le qualifiant en couverture de «Président des États désunis d'Amérique» après sa victoire surprise à la présidentielle qui a rebalayé les cartes de la politique américaine.

«C'est un très, très grand honneur», a réagi en direct à la télévision le milliardaire qui avait laissé entendre qu'il était arrivé en tête de ce prestigieux classement avec quelques minutes d'avance sur Twitter.

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«Depuis 90 ans, nous nommons la personne qui a eu la plus grande influence, pour le meilleur ou pour le pire. Alors, est-ce que ce sera le meilleur ou le pire? Le défi pour Donald Trump est que le pays est en profond désaccord sur la réponse», a souligné la rédactrice en chef de Time, Nancy Gibbs.

«Pour avoir rappelé à l'Amérique que la démagogie se nourrit de désespoir et que la vérité ne vaut que pour la confiance qu'on accorde à ceux qui l'énoncent, pour avoir donné confiance à un électorat caché en canalisant ses colères et en diffusant ses peurs, pour avoir esquissé la culture politique de demain en démolissant celle d'hier, Donald Trump est la personnalité de l'année 2016», a-t-elle ajouté.

Dans l'interview sur NBC qui accompagnait l'annonce de cette récompense, M. Trump a cependant rejeté cette description de président clivant.

«Je ne suis pas encore président donc je n'ai rien fait pour diviser», a-t-il affirmé.

Comme il l'avait dit dans son interview au New York Times, il a répété par ailleurs «aimer vraiment» l'actuel président démocrate Barack Obama, et avoir même discuté avec lui de certaines nominations. «Je prends ses recommandations très au sérieux et il y a des gens que je vais nommer et dans un cas que j'ai nommé dont il pensait beaucoup de bien», a-t-il assuré.

Une douzaine de personnes ont déjà été nommées mais le poste le plus prestigieux et le plus influent aux yeux du monde aux côtés du président, celui de secrétaire d'État, n'a pas encore été attribué.

Dans une interview publiée mercredi par Time et accordée la semaine dernière, le futur président américain évoque plusieurs autres sujets.

Lui qui a fait du rapatriement des emplois partis dans les pays à bas coûts une priorité, indique ainsi avoir dit au patron d'Apple, Tim Cook, qu'il avait «l'ambition de construire une grande usine» aux États-Unis, «la plus grande et la meilleure, même si elle ne dépasse que d'un mètre carré un endroit en Chine».

Il s'explique aussi sur le contraste entre sa vie dans un luxueux appartement de Manhattan et ses électeurs qui ont du mal à joindre les deux bouts.

«Je suis dans un appartement comme personne n'en a jamais vu, et pourtant je représente les travailleurs du monde. Et ils m'aiment et je les aime (...) Je crois que les gens aspirent à certaines choses. Et ils aspirent à regarder les autres. Et je ne crois pas qu'ils aient envie de voir le président porter lui-même sa valise en sortant d'Air Force One. C'est comme ça.»

«Pendant toute la vie publique de Trump, les leaders d'opinion et les intellectuels l'ont traité par le mépris, comme une vulgaire bête de foire, un homme de spectacle haut en couleur et pauvre en contenu», souligne le magazine Time. «Mais ce que ses détracteurs n'ont jamais compris, c'est que leur dédain l'a rendu plus fort. Il s'est nourri de ce mépris et l'a utilisé pour faire la une de la presse populaire et créer un lien avec les gens de base.»

Le magazine américain décerne cette récompense de «Personnalité de l'année» depuis 1927. Les lauréats des années précédentes ont fréquemment été des personnalités politiques et dirigeants au pouvoir ou récemment élus.

La chancelière allemande Angela Merkel avait été la «Personnalité de l'année» 2015. L'actuel président américain Barack Obama fut désigné en 2008 et 2012. Le président russe Vladimir Poutine en 2007.

Adolf Hitler comme Josef Staline ont aussi fait partie des lauréats.

Au classement 2016, Hillary Clinton, rivale malheureuse de Donald Trump, arrive deuxième, suivie par les pirates informatiques qui ont tant fait parler d'eux par leurs interférences pendant la campagne électorale américaine.

PHOTO AP

Le magazine Time a désigné mercredi Donald Trump «Personnalité de l'année» 2016.