Le printemps dernier, Robert Smith suivait avec consternation, comme l'immense majorité des universitaires américains, les succès de Donald Trump dans les primaires républicaines. Mais le politologue de l'Université d'État de Savannah en Géorgie a répondu à son émoi d'une manière originale : faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il a mis sur pied un cours d'été sur « le facteur Trump ».

« À l'époque, ça avait un ton surréaliste, dit M. Smith en entrevue téléphonique. J'ai bien pris soin de concevoir un cours qui ne soit ni pro-Trump ni anti-Trump. Mon objectif était de comprendre comment Trump s'insérait dans l'histoire politique américaine et quels changements il représentait. Évidemment, comme Trump est un phénomène médiatique, un homme d'affaires devenu vedette de la télé puis politicien, il y a des côtés hors normes qu'on voit peu dans les facultés de science politique. »

La liste de lecture du cours de cinq semaines comportait une quinzaine d'articles de fond de journaux et de revues, dont un essai d'un ancien rédacteur de discours de George W. Bush, David Frum, qui proposait cet été dans The Atlantic que la seule manière de contrer des candidats extrémistes comme Trump était d'assouplir encore davantage les règles de financement politique pour permettre aux partis de contrôler financièrement les élus. Le livre The Art of the Deal de Trump était aussi disséqué. Les étudiants devaient faire une pub pro ou anti-Trump, rédiger un communiqué de presse pro Trump et faire des travaux sur des thèmes comme : « En quoi la science politique parvient-elle ou ne parvient-elle pas à expliquer le succès de Trump ? »

Le cours a attiré 18 étudiants, dont 20 % étaient des auditeurs libres de la communauté, généralement des partisans de Trump, selon M. Smith. Il doit le donner à nouveau l'été prochain. Dans un article de l'Associated Press publié l'an dernier, une étudiante noire - l'université est « historiquement noire » - a dit qu'au départ le cours la « révoltait », mais qu'elle était contente de l'avoir suivi parce qu'elle était « une rebelle qui doit apprendre à combattre ».

La façon d'aborder Trump à l'université polarise les politologues. Juste avant les élections, l'hebdomadaire The Chronicle of Higher Education a publié un long article sur la difficulté des professeurs de science politique à demeurer neutres en classe devant le phénomène Trump. Et cet été, un politologue de l'Université Pepperdine comparait dans The Atlantic les réactions que provoque Trump chez ses étudiants durant les cours à l'indignation que suscitent les livres scolaires décrivant les États-Unis comme une méritocratie postraciale, ou les thèses de Michelle Alexander, juriste de l'Université d'État de l'Ohio, qui considère que le pays est géré par un « système de castes raciales » où les Noirs sont contrôlés par l'emprisonnement.

Après le Brexit, le Calexit

Sur le plan national, Hillary Clinton a devancé Donald Trump dans le vote populaire. En Californie, elle l'a battu à plate couture, 62 % à 33 %, son meilleur résultat au pays après celui à Hawaii. Il n'en fallait pas plus pour relancer la campagne Yes California, qui milite depuis l'an dernier pour un référendum sur la sécession de l'État de la côte Ouest, qui deviendrait la sixième économie du monde. L'objectif est un référendum en 2019. Certains critiques de Yes California n'y voient qu'une nouvelle manifestation du conflit entre le gouvernement fédéral et les États désireux d'avoir la plus large marge de manoeuvre possible sur le plan législatif. Les démocrates n'ont pas le monopole de la sécession : en 2009, celui qui était alors gouverneur du Texas, Rick Perry, avait réagi à l'élection de Barack Obama en agitant le même spectre.