L'abattage d'un gorille pour sauver un enfant tombé dans son enclos, a provoqué un débat aux États-Unis sur l'opportunité de tuer l'animal, dont l'espèce est menacée de disparition.

Les employés du zoo de Cincinnati, dans l'est des États-Unis, ont dû tuer «Harambe», un gorille des plaines de l'Ouest samedi après la chute d'un garçonnet de trois ans dans la fosse séparant l'enclos du public.

Les images dramatiques du petit garçon poussé par le gigantesque gorille, capturées en vidéo, ont très vite fait le tour du monde.

Les responsables du zoo avaient décidé de ne prendre aucun risque et de tuer l'animal, estimant qu'une anesthésie serait trop lente à agir.

Tout en reconnaissant que le zoo n'avait guère le choix, les critiques s'en sont pris à la disposition des lieux mais aussi aux parents.

«L'enclos aurait dû être entouré d'une seconde barrière pour éviter cela», s'est insurgé l'association de défense des animaux PETA sur Twitter.

«Cette tragédie est la raison même pour laquelle PETA demande aux familles de ne pas se rendre dans des endroits où les animaux sont exposés à la curiosité des humains».

Les parents du garçonnet, qui ont souhaité garder l'anonymat, ont exprimé «leurs remerciements les plus chaleureux» aux responsables du zoo, dans un communiqué.

«Nous sommes conscients qu'il s'agissait d'une décision très difficile pour eux (les responsables du zoo), et qu'ils font le deuil de leur gorille», ont-ils ajouté.

Ce mot n'a pas suffi à apaiser les amis des animaux qui reprochaient aux parents d'avoir laissé l'enfant échapper à leur surveillance.

Lundi après-midi pas moins de 13 pétitions avaient fleuri sur le site spécialisé change.org pour que justice soit rendue à l'animal. L'une des pétitions souhaitait qu'un monument soit construit à la mémoire de Harambe et une autre demandait le boycottage du zoo.

Les zoos canadiens doivent en tirer des leçons

Le principal organisme de régulation des jardins zoologiques du Canada estime que ses membres devraient tirer de précieuses leçons de l'élimination d'un gorille au zoo de Cincinnati, samedi.

L'organisme Aquariums et Zoos accrédités du Canada a indiqué lundi qu'il transmettrait un rappel à tous ses membres pour qu'ils s'assurent que leurs règles en matière de sécurité protègent efficacement les visiteurs et les employés.

Au zoo de Cincinnati, «Harambe», un gorille de plaine de 190 kilos âgé, a été abattu lorsqu'il s'est saisi d'un enfant de quatre ans tombé dans son enclos. Certains ont dénoncé l'élimination sommaire du gorille de 17 ans, mais les autorités ont expliqué qu'il fallait avant tout protéger le bambin. On craignait en fait que l'animal écrase l'enfant par inadvertance, pas tellement qu'il lui fasse du mal intentionnellement.

Le directeur exécutif d'Aquariums et Zoos accrédités du Canada, Massimo Bergamini, note que les directions de jardins zoologiques réévaluent justement à cette période-ci de l'année leurs mesures de sécurité. L'incident de samedi après-midi vient rappeler à point nommé la nécessité de ce genre de réexamen, a-t-il dit.

Selon M. Bergamini, de tels incidents sont très rares au Canada et aux États-Unis, compte tenu du nombre de visiteurs qui fréquentent les zoos chaque année. Il rappelle que tous les membres de son organisation doivent présenter un dossier impeccable en matière de règles de sécurité s'ils veulent obtenir leur accréditation.

Les zoos doivent notamment tenir régulièrement des exercices de simulation afin que le personnel soit prêt à réagir à ce genre d'incident et qu'il dispose de l'équipement requis, a indiqué M. Bergamini. Il salue d'ailleurs le travail exemplaire des employés du zoo de Cincinnati, qui n'avaient d'autres choix selon lui que d'abattre l'animal.

L'Association des zoos et des aquariums (d'Amérique du Nord) partage entièrement ce point de vue, et soutient que l'incident de samedi a trouvé un dénouement relativement heureux à cause justement de la formation adéquate du personnel du zoo de Cincinnati. Le porte-parole, Rob Vernon, a indiqué que l'association exige de ses membres qu'ils tiennent quatre exercices de sécurité par année et qu'ils disposent de plans d'intervention rapide pour les animaux dangereux.

Certains internautes ont quand même blâmé le zoo pour avoir permis qu'un enfant puisse tomber dans l'enclos du gorille de plaine, une espèce menacée.

- Avec La Presse Canadienne