Le président américain Barack Obama ne devrait pas avoir de rencontre bilatérale avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan au cours de sa visite à Washington cette semaine pour un sommet sur la sécurité nucléaire, illustrant la profondeur des divisions entre les deux alliés.

Plusieurs chefs d'État sont attendus dans la capitale américaine jeudi et vendredi pour la quatrième édition du Sommet sur la sécurité nucléaire. À cette occasion, M. Obama ne devrait avoir de tête-à-tête qu'avec son homologue chinois Xi Jingping, a affirmé un responsable américain.

La Turquie et les États-Unis sont alliés au sein de l'OTAN, mais leurs relations se sont tendues ces derniers mois sur le dossier syrien, notamment depuis qu'Ankara a attaqué des combattants kurdes que Washington soutient au contraire dans sa lutte contre le groupe Etat islamique.

La Turquie affirme que ces kurdes sont liés aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui luttent pour l'indépendance.

En recevant au département d'État son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, le secrétaire d'État John Kerry n'a pas fait état de ces désaccords.

Il a au contraire promis de «continuer de coopérer» avec ce «partenaire des États-Unis» et «allié au sein de l'OTAN» afin de «faire davantage pression sur l'État islamique et pouvoir mettre fin à ce fléau aussi vite que possible».

Le chef de la diplomatie turque lui a répondu devant la presse que son pays était «totalement déterminé à vaincre les groupes terroristes dans notre région et dans le monde entier».

La Maison-Blanche a en outre dénoncé des atteintes en Turquie à la liberté d'expression et à la démocratie.

Les autorités turques sont accusées de dérive autoritaire et notamment de museler la presse d'opposition, en particulier avec la récente mise sous tutelle du quotidien Zaman.

«Nous exhortons les autorités turques à s'assurer que leurs actes respectent les valeurs démocratiques universelles inscrites dans la Constitution turque, y compris la liberté d'expression, la liberté de rassemblement et la liberté de la presse», avait déclaré le 17 mars le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest.

Cette position marque un changement par rapport au début du mandat du président Obama, quand Washington considérait la Turquie comme un proche allié et une force de stabilisation modérée au Moyen-Orient.

La Turquie a ainsi permis aux forces de la coalition des pays qui luttent contre l'EI d'utiliser ses bases dans le sud du pays.

Le Sommet sur la sécurité nucléaire sera aussi l'occasion d'évoquer la lutte contre l'EI et de «s'assurer que le monde reste uni dans cet effort», avait affirmé M. Obama samedi dans son allocution hebdomadaire.