Syed Farook, Américain d'origine pakistanaise, auteur avec sa femme de la tuerie de San Bernardino en Californie, approuvait l'idéologie du chef de l'organisation «État islamique» (EI) et était «obsédé par Israël», déclare son père dans une interview.

«Il disait qu'il était d'accord avec l'idéologie d'Al Baghdadi pour créer l'État islamique et il était obsédé par Israël», a rapporté le père de tueur, interviewé aux États-Unis par le quotidien italien La Stampa.

«Je lui disais toujours: sois tranquille, patience, d'ici deux ans Israël n'existera plus. La géopolitique change: la Russie, la Chine, l'Amérique aussi, personne ne veut plus des juifs là-bas. Ils les ramèneront en Ukraine. À quoi sert de combattre? Nous l'avons déjà fait et nous avons perdu (...) Mais lui ne voulait rien savoir. Il était obsédé» par l'idée de combattre Israël, a-t-il raconté.

Arrivé du Pakistan en 1973, le père, qui s'appelle lui-même Syed et est âgé de 67 ans, a raconté que son fils «encore adolescent, n'allait pas aux fêtes avec ses camarades, disant qu'un bon musulman peut seulement voir danser sa femme».

Il dit l'avoir vu «une fois avec un pistolet» et s'être mis en colère contre lui. Il a affirmé par contre «ne pas savoir» s'il était en contact avec des terroristes.

Syed Farook était un Américain de 28 ans, employé du service de santé de la ville et fervent musulman. Il était accompagné lors de la tuerie de sa femme de 29 ans, Tashfeen Malik, qu'il avait épousé en Arabie saoudite, elle aussi musulmane.

Ils étaient parents d'un bébé de six mois.

Armés jusqu'aux dents, ils ont ouvert le feu dans une salle de conférence d'un centre de soins pour handicapés de San Bernardino, louée pour un repas des personnels de santé. La tuerie a fait 14 morts et 21 blessés.

Tashfeen Malik aurait fait allégeance au chef autoproclamé de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, dans une publication sur le réseau social Facebook.

Tashfeen Malik instigatrice de l'attentat?

Les enquêteurs tentent de déterminer si Tashfeen Malik a poussé son mari américain Syed Farook à se radicaliser et si elle était l'instigatrice de la fusillade à San Bernardino, ont indiqué deux responsables, dimanche.

Cette hypothèse a émergé la semaine dernière, quand il a été révélé que cette femme née au Pakistan avait prêté allégeance au groupe armé État islamique dans un message sur Facebook publié à peu près au moment où l'attaque a commencé, mercredi, lors d'un banquet des employés des services de santé du comté.

Pendant ce temps, les hommages aux victimes se poursuivaient dimanche, tandis que le président Barack Obama préparait un discours à la nation sur la sécurité et le terrorisme.

Les enquêteurs du Bureau fédéral d'enquête (FBI), qui ont ouvert une enquête pour terrorisme, tentent de déterminer ce qui a poussé le couple à perpétrer cette attaque, qui serait la plus meurtrière menée par des extrémistes islamistes sur le territoire américain depuis les attentats du 11 septembre 2001.

La procureure générale et ministre de la Justice Loretta Lynch a déclaré à l'émission Meet the Press de NBC que les enquêteurs se penchaient sur tous les détails de la vie de l'homme et de la femme, notamment sur leur enfance et sur les circonstances de leur rencontre.

Selon Mme Lynch, l'enquête du FBI a jusqu'à maintenant permis de mener 300 entrevues, de perquisitionner plusieurs lieux et d'analyser une grande quantité d'information. L'enquête se poursuit, a-t-elle dit.

Un responsable a déclaré, sous le couvert de l'anonymat, qu'il ne semblait y avoir aucun élément dans la vie de Syed Farook qui permettrait de croire qu'il serait le cerveau de l'attaque.

Un autre responsable a affirmé, également sous le couvert de l'anonymat, que les enquêteurs se penchaient sur la possibilité que Tashfeen Malik se soit radicalisée au Moyen-Orient, où elle a passé une bonne partie de sa vie, et si elle se serait servi de son mariage avec un Américain, en 2014, pour entrer aux États-Unis et commettre un attentat terroriste. Ce responsable a toutefois précisé qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse parmi d'autres qui sont examinées par les enquêteurs.

D'anciens camarades de classe de Tashfeen Malik et d'autres qui l'ont connue au Pakistan ont affirmé qu'au cours des dernières années, elle avait commencé à se vêtir de façon conservatrice, notamment en portant un voile intégral qui lui cachait tout le visage, et qu'elle était devenue plus fervente dans sa foi.

Une ancienne amie d'école, Afsheen Butt, a déclaré qu'elle avait radicalement changé après un voyage en Arabie saoudite à la fin de 2008 ou au début de 2009.

«Elle nous disait que c'était ça la vraie vie. Que nous étions un pays qui s'était éloigné du droit chemin, a raconté Mme Butt. Elle nous donnait de la littérature religieuse.»

- Tami Abdollah et Brian Skoloff, AP