Un homme a abattu au moins neuf personnes dans une université de l'Oregon avant d'être tué par les policiers, l'un des pires massacres des dernières années aux États-Unis, provoquant la colère du président Barack Obama contre «une chose devenue banale».

Le tireur visait en particulier les chrétiens, d'après le témoignage d'une étudiante.

Jeudi soir, une veillée aux chandelles à Roseburg (nord-ouest du pays) a rassemblé des dizaines de personnes venues prier, souvent en larmes, au-dessus de bougies, certaines formant les initiales UCC de l'Umpqua Community College.

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Enfants, adolescents, couples ou personnes âgées priaient, pleuraient, déposaient fleurs et mots d'hommage aux victimes.

Le périmètre du campus, fermé jusqu'à lundi, était toujours scellé par la police tard dans la nuit.

«Pour l'instant, nous pouvons confirmer dix morts» et sept blessés dont certains graves, a déclaré le shérif du comté local John Hanlin. Le tireur est mort après «un échange de coups de feu» avec les forces de l'ordre, a-t-il ajouté.

La police, qui n'a pas encore révélé le nom des victimes, fera son prochain point d'information vendredi à 13 h et l'hôpital de la ville, le Mercy Medical Center, à 9 h.

Selon des sources citées par CBS News, «quatre armes - plusieurs pistolets et un fusil - ont été retrouvées sur les lieux de la fusillade».

«Nos pensées et nos prières ne sont pas suffisantes», a lancé le président Obama, le visage fermé, en colère, appelant une nouvelle fois le Congrès à légiférer pour mieux encadrer l'utilisation des armes à feu.

«C'est devenu une chose banale», a-t-il déploré, «nous sommes devenus insensibles à cela. Il ne doit pas être aussi facile que cela pour quelqu'un qui veut infliger du mal aux autres de mettre la main sur un fusil».

«À chaque fois qu'un drame comme celui-ci se produira, je répéterai (...) que nous devons changer nos lois», a-t-il conclu.

Les motifs du tueurs restent inconnus

Les motifs du tireur restaient mystérieux, mais des bribes de biographies font apparaître un jeune homme taciturne.

La police enquête «porte à porte, inspecte les quartiers pour tenter de trouver plus d'information sur cet acte horrible», a déclaré le shérif du comté local vendredi matin. «Ils se sont rendus chez le tireur. Mais encore une fois, il est trop tôt pour dire quel était son motif», a-t-il poursuivi sur CNN.

Le shérif refuse de prononcer le nom du tireur, qui est mort lors d'un échange de coups de feu avec les forces de l'ordre sur les lieux du crime.

Interrogé par les journalistes quant à savoir si le tueur avait été abattu par la police parce qu'il était «armé jusqu'aux dents» et tirait sur les agents, le shérif a répondu «c'est correct».

Il n'a pas confirmé les témoignages racontant que le tueur avait demandé aux étudiants de dire s'ils étaient chrétiens avant de les abattre, un à un dans leur salle de classe.

La police a interdit l'accès à l'appartement présumé du tireur avec du ruban jaune de sécurité.

Mary Moore, aide-soignante de 57 ans, vit dans l'appartement juste au-dessus de celui de Chris Harper Mercer. Elle a confié à l'AFP se sentir «bouleversée, choquée» de penser qu'elle habitait à côté de l'auteur d'un massacre.

D'autres voisins ont décrit Harper Mercer au New York Times comme étant un jeune homme anxieux et taciturne qui vivait avec sa mère. Bottes militaires, pantalon de treillis et t-shirt blanc: il s'habillait tous les jours de la même façon, ont-ils raconté au New York Times.

«Ce n'est pas un type du genre très amical», a déclaré l'une d'elles, Bronte Hart. «Il ne voulait rien avoir à voir avec personne.»

Étudiants paniqués

D'après un homme dont la fille a été blessée, interrogé par CNN, le tireur avait ordonné aux étudiants de se lever s'ils étaient chrétiens, avant de tirer sur eux. «Il disait : Bien, parce que si vous êtes chrétien vous allez voir Dieu dans juste une seconde», a déclaré Stacy Boylan à la chaîne.

Sa fille a survécu en faisant la morte et a expliqué à son père que le tireur avait fait irruption dans la salle de classe et avait tiré sur l'enseignant à bout portant.

«J'étais dans la classe d'à côté de celle où le tireur» se trouvait, a témoigné une étudiante, Cassandra Welding, sur CNN. En entendant des coups de feu, «tous les étudiants dans la classe se sont jetés sous les bureaux et une femme, une de mes camarades de classe, a été voir ce qu'il se passait, a ouvert la porte et malheureusement le tireur a tiré sur elle».

Les étudiants paniqués ont alors fermé la porte, éteint la lumière et appelé la police et leurs familles, tentant de se protéger avec «nos sacs, chaises, tout ce qu'on pouvait trouver au cas où il entre», a poursuivi Cassandra Welding.

«C'est une tragédie qui va marquer notre communauté longtemps. On ne va plus pouvoir faire confiance aux gens», estimait Missy, 39 ans, devant l'hôpital.

Plusieurs médias américains ont identifié le tueur comme Chris Harper Mercer, 26 ans. Il ne serait pas étudiant à l'université, et ses motivations sont encore inconnues.

Vers 3h (HE), des policiers étaient en train d'interdire l'accès à l'appartement présumé du tireur avec du ruban jaune de sécurité.

Mary Moore, aide-soignante de 57 ans, vit dans l'appartement juste au-dessus de celui de Chris Harper Mercer. Elle se disait «bouleversée, choquée» de penser qu'elle habitait juste au-dessus de l'auteur d'un massacre.

Le maire de Roseburg, bourgade rurale et tranquille, a évoqué un crime «insensé».

Jeff Thompson, 31 ans, ne se dit toutefois pas surpris, car «les gens ont des armes ici, c'est la campagne. Il y en a qui s'énervent, qui sont fous».

Les fusillades sont très fréquentes dans les lycées et universités aux États-Unis: l'une d'elles avait déjà eu lieu dans un lycée du Dakota du Sud mercredi, faisant un blessé, et une autre début septembre dans une université de Sacramento avait fait un mort et deux blessés.

Le 16 avril 2007, un étudiant de 23 ans avait tué 32 personnes avant de se donner la mort à l'université de Virginia Tech, à Blacksburg (Virginie). C'est la pire fusillade du pays en temps de paix.

En 2012, un jeune homme de 20 ans avait massacré 26 personnes, dont 20 enfants, dans l'école de Sandy Hook à Newtown (Connecticut).

Photo Andrew Harnik, AP

Le président Obama s'est exprimé, visage fermé, en fin d'après-midi, à la Maison-Blanche.