Le pape François a défendu avec force samedi la liberté religieuse à Philadelphie, berceau des valeurs fondatrices de l'Amérique, saluant la diversité culturelle née de l'immigration et lançant un plaidoyer pour les familles, lors de sa dernière étape aux États-Unis.

Le chef de l'Église catholique, accueilli en grande pompe depuis mardi aux États-Unis après son voyage à Cuba, est venu clore à Philadelphie la 8e rencontre mondiale des familles : 1,5 million de personnes sont attendues dimanche pour la messe finale.

Dès la matinée de samedi le pape a célébré une première messe, un rythme soutenu pour l'homme de 78 ans qui a légèrement trébuché en montant dans l'avion le conduisant de New York à Philadelphie.

Il souffre en fait d'une hanche et est soumis à des séances de « physiothérapie régulières », a révélé le porte-parole du Saint-Siège.

À l'Independance Hall de Philadelphie, où a été proclamée la déclaration d'indépendance américaine en 1776, le pape a exalté les idéaux de liberté du pays, particulièrement la liberté religieuse, sur « le lieu de naissance des États-Unis ».

« La Déclaration d'Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, qu'ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, et que les gouvernements existent pour défendre ces droits. Ces paroles vibrantes continuent de nous inspirer », a souligné le pape.

Il s'exprimait devant des milliers d'immigrants et a rencontré plusieurs de leurs familles. Les plus nombreux étaient les Hispaniques, qui représentent 40 % des catholiques américains.

Certains l'avaient attendu depuis des heures avec des chants et des danses de tous les continents, se lançant même dans un tango argentin.

François a salué la mémoire des quakers qui ont fondé Philadelphie, « inspirés par un profond sens évangélique de la dignité de chaque personne ».

Le sens élevé de la liberté a conduit aux « grandes luttes qui ont conduit à l'abolition de l'esclavage, l'extension du droit de vote, la croissance du mouvement des travailleurs, et l'effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de discrimination dirigés contre les vagues successives de nouveaux Américains », a salué François.

Il a aussi rendu hommage à la richesse de la diversité religieuse américaine.

Prière pour les familles

Quelques heures auparavant, à la cathédrale des Saints Pierre et Paul, François a recommandé devant 2000 prêtres, évêques, religieuses et laïcs de reconnaître un rôle accru aux laïcs et aux femmes dans l'Église.

Il a salué « l'immense contribution que chaque femme, laïque et religieuse » apporte à la vie des paroisses et des communautés catholiques.

Le pape a cité l'exemple d'une religieuse de Philadelphie, Sainte Catherine Drexel, « une femme laïque », canonisée en 2000, que le pape Léon XIII, à la fin du XIXe siècle, avait encouragé par ces mots : « Et vous? Qu'allez-vous faire?».

Les religieuses américaines sont très engagées auprès des migrants, des pauvres, et dans les écoles.

Le rôle des femmes est une grande préoccupation de Jorge Bergoglio, hostile en revanche à leur ordination.

Comme à Washington et à New York, les foules l'ont attendu le long des avenues pour l'accueillir dans sa jeep découverte, quand il ne circule pas dans sa petite Fiat 500.

« Nous prions pour vous tous les jours », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par une Américaine ayant passé la nuit à l'attendre dans une ville quadrillée par les forces de l'ordre.

En soirée, le pape devait animer une grande veillée de prière pour les familles. Ce sera l'occasion pour lui d'évoquer le mariage et la famille avant un synode (assemblée) délicat des évêques qui s'ouvre dans huit jours sur ces sujets au Vatican.

Alors que certains évêques américains s'inquiètent des ouvertures possibles de ce synode sur le divorce ou encore l'homosexualité, le pape a affirmé que la famille était « menacée de l'extérieur et de l'intérieur ». Il a aussi défendu devant l'ONU « une loi morale inscrite dans la nature humaine, qui comprend la distinction naturelle entre homme et femme ».

Jorge Bergoglio a achevé la partie politique de son voyage, la plus délicate. Il a plaidé pour les exclus et l'écologie, à la Maison-Blanche, au Congrès comme devant l'Assemblée générale de l'ONU.

Des discours puissants, habiles mais sans agressivité, plutôt bien accueillis par la classe politique, même si une bonne partie des républicains le jugent encore trop radical socialement et économiquement.