Il a sillonné l'Amérique pour son père George H. W. Bush en 1988, et livré la Floride à son frère George W. deux fois lorsqu'il en était le gouverneur. Aujourd'hui, c'est lui-même que Jeb Bush veut faire entrer à la Maison-Blanche.

Si Jeb Bush l'emportait en novembre 2016, il serait le troisième Bush de suite à être élu président, prolongeant de quatre ans le règne de la dynastie politique la plus fameuse de l'histoire des États-Unis. Le dernier président républicain qui ne s'appelait pas Bush était Ronald Reagan.

À 62 ans, Jeb Bush a promis d'être un «heureux guerrier» en campagne.

Conservateur pragmatique, il devra convaincre la base de son parti qu'il est des leurs, tout en conservant un pied au centre-droit pour attirer les électeurs indépendants nécessaires à la victoire.

Il est anti-avortement, pro-entreprises, mais a également ouvert la porte à une réforme du système d'immigration pour potentiellement régulariser des millions de sans-papiers --au risque d'être excommunié par les conservateurs.

Il ose aussi critiquer le retard du système éducatif américain par rapport à d'autres pays européens ou asiatiques, et promeut la réforme des normes d'enseignement nommée Common Core (tronc commun), détestée par le Tea Party.

In fine, Jeb Bush est plus analytique et méthodique que son instinctif de frère, mais plus idéologique que son père.

«J'aime mon père, j'aime mon frère... J'admire ce qu'ils ont fait pour le pays et les décisions difficiles qu'ils ont eu à prendre. Mais moi c'est moi», a-t-il expliqué en février.

Jeunesse dissolue 

John Ellis Bush (ses initiales forment son prénom d'usage, Jeb) est né le 11 février 1953 au Texas, où il grandit avant d'intégrer le pensionnat d'élite Philips Academy, dans le Massachusetts, comme son frère et son père.

L'adolescent n'est guère porté sur les études. «Je buvais de l'alcool et fumais du cannabis», a-t-il reconnu.

En 1970, un échange l'emmène au Mexique où il rencontre la femme de sa vie, la Mexicaine Columba Garnica Gallo. Le couple se marie au Texas, où Jeb Bush étudie à l'université. En 1977, il saisit une opportunité d'expatriation et part diriger une filiale de la Texas Commerce Bank à Caracas, au Venezuela: un séjour de quelques années dont il parle fréquemment pour montrer son ouverture d'esprit et son expérience. Jeb Bush parle couramment espagnol.

Après un retour aux États-Unis pour la campagne présidentielle de son père en 1980, il s'installe en Floride, travaille dans l'immobilier et à force de contacts dans les réseaux républicains, exploitant les réseaux de son père, il devient secrétaire au Commerce de l'État.

Sa première tentative pour être élu gouverneur échoue, en 1994, quand son imprudence lui brûle les ailes.

Interrogé sur ce qu'il ferait, comme gouverneur, pour les Noirs, Jeb Bush répond «probablement rien», en cherchant à souligner l'égalité de traitement des citoyens.

La même année, il se convertit à la religion de sa femme, le catholicisme. «J'en suis une meilleure personne», explique Jeb Bush au New York Times.

Gouverneur conservateur 

Sa seconde tentative est fructueuse et il est élu gouverneur de Floride en 1998, début de huit ans d'un mandat très conservateur.

Il baisse les impôts, privatise des emplois de fonctionnaires, lance un système de financement public pour les écoles privées (retoqué par la justice) et s'interpose pour empêcher le «débranchement» de Terri Schiavo, morte cérébrale.

Il promulgue aussi la loi controversée qui autorise les personnes qui se sentent menacées d'utiliser la force létale pour se défendre.

Les démocrates se souviennent aussi avec amertume de l'élection présidentielle de 2000 et de l'interminable dépouillement des voix de Floride, qui finira par porter son frère à la présidence des États-Unis. La commission américaine pour les droits civiques a dénoncé de nombreuses fautes, dont un écrémage excessif des listes électorales.

Jeb Bush n'a plus occupé de mandat public depuis huit ans, années qu'il a consacrées à s'enrichir avec de multiples investissements et sièges de conseils d'administration.

Des liens financiers et économiques qu'il a pris soin de rompre avant de se lancer dans la course à la Maison-Blanche, pour éviter tout conflit d'intérêts et une image de candidat des riches, comme en avait souffert le millionnaire Mitt Romney en 2012.

La comparaison ne lui plaît pas. «C'est comme comparer une pomme et une cacahuète», a-t-il dit en décembre.

Archives Reuters

George W. Bush et son petit frère Jeb en 1955.