Le président américain Barack Obama a proposé jeudi de mettre fin aux coupes budgétaires automatiques, effectives depuis 2013 fautes d'accord au Congrès, en augmentant les dépenses en 2016 de 74 milliards de dollars par rapport aux limites autorisées par les élus.

Ces coupes automatiques --appelées aussi «séquestration»-- sont devenues effectives en 2013 après qu'élus démocrates et républicains eurent échoué à trouver un accord pour réduire le déficit des États-Unis.

Ces coupes visaient à réduire les dépenses d'un millier de milliards de dollars d'ici 2021, mais sont qualifiées d'arbitraires par leurs opposants, parce qu'elles détruisent des emplois et sont préjudiciables à l'armée.

En déplacement à Philadelphie où il s'est exprimé devant des parlementaires démocrates, le président Obama a plaidé pour mettre fin à ce que la Maison-Blanche a qualifié de «crises fabriquées et d'austérité gratuite».

«Le président va proposer de mettre fin aux coupes budgétaires automatiques qui menacent notre économie et notre armée», avait affirmé en amont un responsable de la Maison-Blanche.

Le projet de «budget du président va complètement annuler ces coupes pour des priorités intérieures, et faire correspondre ces investissements avec les ressources dont nos soldats ont besoin pour maintenir l'Amérique en sécurité».

M. Obama a proposé d'augmenter les dépenses fédérales de 7% par rapport au plafond fixé par une loi d'austérité adoptée en 2011, soit 74 milliards de dollars.

Dans le détail, Barack Obama demande 561 milliards de dollars pour les dépenses militaires (soit 38 milliards de plus), et 530 milliards pour le reste du budget fédéral (soit 37 milliards de plus).

Le projet de budget de M. Obama sera publié lundi et devrait faire face à une opposition des républicains, qui contrôlent désormais les deux chambres du Congrès. Les républicains sont toutefois divisés sur ces coupes, entre ceux qui veulent sabrer les dépenses et ceux qui soutiennent résolument l'armée.

Mais il est apparu plutôt combatif jeudi soir, raillant le changement de rhétorique des parlementaires républicains en prévision de l'élection présidentielle de 2016. S'en prenant même à son ancien adversaire de 2012, Mitt Romney, qui pourrait de nouveau se présenter en 2016.

«Nous avons un ancien candidat à la présidence dans l'autre camp qui tout d'un coup est profondément inquiet au sujet de la pauvreté, c'est super! Allons-y, faisons quelque chose pour ça», a lancé M. Obama.

Dans son projet de budget, le président va aussi proposer d'en terminer avec les niches fiscales, afin d'augmenter les dépenses dans les infrastructures ou la recherche de nouveaux antibiotiques.

Les républicains risquent d'assimiler ces décisions à une hausse d'impôts, à laquelle beaucoup sont opposés.

«Si le Congrès rejette ma proposition et refuse de revenir en arrière sur ces coupes arbitraires, il mettra en danger notre économie et notre armée», a plaidé Obama dans un éditorial publié jeudi dans le Huffington Post.

«Je sais qu'il y a des républicains au Congrès qui ne sont pas d'accord avec ma stratégie, et j'ai hâte de savoir comment ils comptent trouver l'argent nécessaire pour permettre à la classe moyenne d'aller mieux».

Obama a également développé plusieurs propositions évoquées lors de son discours annuel sur l'état de l'Union, comme les congés maladie payés et la gratuité du cursus universitaire pour certains étudiants.

De son côté, le vice-président Joe Biden a précisé que M. Obama allait également demander au congrès d'accorder 1 milliard de dollars pour aider l'Amérique centrale, en particulier le Salvador, le Honduras et le Guatemala. Des fonds destinés en particulier à renforcer la sécurité, à améliorer les conditions de vie et à endiguer l'émigration clandestine.

Le déficit budgétaire des États-Unis pour l'exercice 2014 a atteint son plus bas niveau en six ans (à 483 milliards de dollars pour l'exercice achevé en septembre), grâce notamment à une remontée des recettes du fait de la reprise économique, passant sous les 3% du produit intérieur brut pour la première fois depuis 2007.