Une tentative des démocrates du Sénat américain pour augmenter le salaire minimum a été comme prévu tuée dans l'oeuf mercredi par les républicains, que Barack Obama a mis en garde sur les conséquences électorales de leur refus.

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Les démocrates majoritaires au Sénat n'ont pas réussi à atteindre le seuil de voix requis pour lancer l'examen de leur proposition de loi, visant à augmenter le salaire minimum horaire fédéral à 10,10 dollars contre 7,25 dollars, son niveau depuis 2009. Le salaire minimum n'est pas indexé sur l'inflation aux États-Unis, et n'augmente que lorsque le Congrès adopte une loi fixant le nouveau taux.

Actuellement, 41 États ont un salaire minimum supérieur ou égal au plancher fédéral. Dans les neuf autres États, c'est le taux fédéral qui s'applique pour la plupart des emplois. L'État de Washington, dans le nord-ouest du pays, a actuellement le taux le plus haut, à 9,32 dollars de l'heure, selon le département fédéral du Travail.

«Cela va nuire à ceux qui ont un emploi aujourd'hui et gagnent des petits salaires, et cela va nuire à l'économie», a estimé le républicain texan John Cornyn. «Si certains États veulent augmenter le salaire minimum, c'est leur choix».

Les républicains martèlent qu'une telle augmentation briderait la création d'emplois, citant notamment une récente étude du Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme parlementaire indépendant et respecté dont les attributions sont comparables à celles de la Cour des comptes en France.

Selon ce rapport, publié en février, augmenter graduellement le salaire minimum à 10,10 dollars de l'heure d'ici 2016 conduirait à réduire le nombre d'emplois de 500 000 à la fin 2016, soit 0,3%, tout en faisant sortir de la pauvreté 900 000 personnes.

Le président Barack Obama soutient une telle hausse et a signé un décret portant à 10,10 dollars le salaire des contractuels de l'État fédéral dont le contrat sera établi ou renouvelé à partir du 1er janvier 2015. Il a fait valoir que le pouvoir d'achat du salaire minimum américain avait régressé de 20% en un tiers de siècle.

L'initiative des démocrates fait partie d'un projet plus grand, vraisemblablement voué à l'échec en raison de l'opposition ferme des républicains du Congrès aux mesures démocrates, pour combattre les inégalités -- leur thème de campagne pour les législatives de novembre prochain.

Réagissant depuis la Maison-Blanche pour condamner le refus des républicains, une décision «qui n'a aucun sens», M. Obama a évoqué ce rendez-vous électoral.

Les républicains «ne font rien pour aider les gens qui travaillent dur pour réussir». «S'il y a une bonne nouvelle là-dedans, c'est que les républicains du Congrès n'ont pas le dernier mot (...) c'est vous, les Américains, ceux qui votent», a-t-il affirmé.

«Si votre élu au Congrès ne soutient pas une hausse du salaire minimum, il faut lui dire qu'il n'est pas à la page. Et s'il continue à préférer la politique politicienne aux Américains qui travaillent, vous lui ferez perdre son mandat», a espéré M. Obama, en promettant de continuer à oeuvrer à relever le salaire minimum.