Rien n'indique que du pétrole se soit échappé de la plateforme mobile de forage qui s'est échouée sur une île isolée de l'Alaska, a déclaré jeudi la garde côtière américaine.

L'accident a relancé le débat sur l'exploration pétrolière dans l'Arctique. Une coalition de membres de la Chambre des représentants a demandé jeudi une enquête du gouvernement sur l'échouement de la plateforme.

La plateforme de forage Kulluk, qui appartient à Shell, était en train d'être remorquée vers Seattle pour des travaux d'entretien quand elle s'est échouée lors d'une tempête le soir du Nouvel An.

Il n'y a aucun signe de déversement ou de marée noire et la plateforme semble stable, a indiqué un responsable de la garde côtière, le capitaine Paul Mehler, qui a survolé la plateforme mercredi soir avec un responsable de Shell et un représentant du département de l'Environnement de l'Alaska.

Le Kulluk est une barge non motorisée de 81 mètres de diamètre conçue pour opérer dans la glace. La plateforme transporte plus de 529 942 litres de diesel et environ 45 424 litres d'huile lubrifiante et de fluide hydraulique. L'engin est équipé d'un mât de charge de 49 mètres.

Le capitaine Mehler a indiqué avoir vu quatre radeaux de sauvetage sur la côte de l'île où la plateforme s'est échouée, mais rien ne laisse penser que d'autres débris pourraient être tombés de la barge.

Lors du vol, réalisé par un temps pluvieux avec des vents de 56 kilomètres/heure, il y avait quelques oiseaux autour de la plateforme, mais aucun mammifère marin, selon Steve Russell, du département de l'Environnement de l'Alaska.

L'apaisement de la tempête a permis mercredi à cinq experts de descendre en hélicoptère sur la plateforme. Ils ont mené une évaluation de la structure qui a duré trois heures. Le capitaine Mehler a affirmé qu'il était encore trop tôt pour établir l'échéancier de déplacement de la plateforme.

Des défenseurs de l'environnement ont estimé que l'accident laissait présager de ce qui arriverait dans l'Arctique si les forages venaient à être autorisés dans le détroit de Béring.

Les environnementalistes affirment depuis des années que les conditions climatiques sont trop difficiles et que les enjeux sont trop élevés pour permettre le développement industriel de l'Arctique, où les lieux de forage se trouvent à au moins 1600 kilomètres du poste de la garde côtière le plus proche.

Dans la foulée de l'échouement de la plateforme Kulluk, deux organisations américaines ont appelé jeudi à une suspension des permis de forage en haute mer dans l'Arctique.

«La série de bévues de Shell rend très clair le fait que nous ne sommes pas prêts à forer dans l'Arctique», a déclaré Chuck Clusen, du Natural Ressources Defence Council. «Shell n'est pas prêt pour l'Arctique. Nous avons perdu toute confiance envers Shell et il ne leur reste plus aucune crédibilité.»

Lois Epstein, une ingénieure civile de la Wilderness Society à Anchorage, a déclaré que Shell avait pris des décisions troublantes et imprudentes qui ont mis en danger les employés de la garde côtière.

«Ces problèmes techniques et décisionnels persistants et les coûts et risques énormes pris par notre personnel quand il y a eu des problèmes devrait pousser le gouvernement fédéral à réévaluer ses décisions concernant Shell», a dit Mme Epstein.

Une coalition formée de 45 démocrates de la Chambre des représentants a réclamé jeudi une enquête gouvernementale sur l'incident impliquant le Kulluk. La Coalition de la Chambre sur l'énergie renouvelable et l'environnement estime que l'incident illustre l'ampleur des risques des forages dans l'Arctique.