Le Sénat du Connecticut a voté en faveur de l'abolition de la peine de mort jeudi, mettant l'État sur la voie du nombre grandissant d'États américains qui ont pris la même décision au cours des dernières années ou qui envisagent de le faire.

Le Connecticut, l'un des derniers États du nord-est des États-Unis où la peine de mort est toujours en vigueur, est sur le point d'abolir le châtiment suprême en grande partie grâce à l'élection de son premier gouverneur démocrate en deux décennies, Dannel P. Malloy.

Le gouverneur a promis de signer un projet de loi semblable à celui rejeté par son prédécesseur républicain. La Chambre des représentants de l'État, à majorité démocrate, devrait approuver l'abolition d'ici quelques semaines, après l'adoption du projet de loi par le Sénat jeudi après un débat de plus de dix heures.

Le Connecticut deviendra ainsi le cinquième État américain à abolir la peine capitale en cinq ans, après le Nouveau-Mexique, l'Illinois, le New Jersey et l'État de New York.

Des propositions d'abolition sont aussi à l'étude dans plusieurs autres États, notamment au Kansas et au Kentucky, alors que des militants de la Californie ont réuni suffisamment de signatures pour organiser un référendum sur la fin de la peine de mort, qui devrait être soumis aux électeurs en novembre.

Seize États américains ont déjà aboli la peine capitale.

«Je pense qu'avec la révélation d'autant d'erreurs appuyées par des tests d'ADN, il est devenu clair que la peine de mort met en jeu des vies (innocentes)», a déclaré Richard Dieter, directeur du Death Penalty Information Center, une organisation établie à Washington.

Andrew Schneider, directeur de l'American Civil Liberties Union au Connecticut, a affirmé qu'il s'agissait d'un moment de fierté dans l'histoire de l'État.

«La peine capitale est le déni ultime des libertés civiles et son application a été arbitraire, racialement discriminatoire et inefficace pour dissuader les crimes», a-t-il déclaré.

Les partisans de la peine de mort estiment quant à eux que la tendance à l'abolition est malavisé et contrecarre les objectifs de la justice.

L'un des plus fervents partisans de la peine capitale au Connecticut est le docteur William Petit, qui a survécu en 2007 à une attaque sordide dans laquelle sa femme et ses deux filles ont été tuées. L'an dernier, il avait réussi à convaincre les élus de l'État de ne pas appuyer l'abolition de la peine de mort. Mais sa campagne a échoué cette année.

William Petit estime que l'exécution est un châtiment juste pour les meurtriers. «Nous croyons à la peine de mort parce que nous pensons que c'est la seule punition véritable et juste pour certains meurtres odieux et dépravés», a dit M. Petit mercredi devant le Sénat.

Le Connecticut n'a exécuté qu'un seul condamné en 51 ans. Le tueur en série Michael Ross a reçu l'injection létale en 2005 après avoir renoncé à ses recours judiciaires.

Il reste 11 hommes dans le couloir de la mort de l'État. Trois d'entre eux attendent d'être exécutés depuis plus de 20 ans et les autres attendent depuis au moins 12 ans.

Le nombre de personnes exécutées aux États-Unis est passé de 98 en 1999 à 43 l'an dernier, selon le Death Penalty Information Center. Le nombre de personnes condamnées à mort chaque année est aussi en baisse: 300 il y a 10 ans, contre 78 l'an dernier, selon le centre.