Mark Stroman, un Américain de 41 ans condamné à mort pour un meurtre raciste commis après le 11 septembre 2001, a été exécuté mercredi au Texas, malgré les appels à la clémence d'une de ses victimes qui avait survécu.

Stroman a été déclaré mort à 20h53 après une injection mortelle à la prison de Huntsville, ont indiqué les autorités pénitentiaires du Texas.

Mark Stroman, un Texan blanc, avait épuisé tous ses recours.

Fait rarissime, une des victimes du condamné avait elle-même appelé les autorités à la clémence, demandant lundi soir sur la chaîne de télévision CBS que Mark Stroman soit «épargné». Rais Bhuiyan était même allé jusqu'à attaquer le gouverneur républicain du Texas, Rick Perry, en justice pour tenter de stopper l'exécution. Il l'accusait d'avoir violé ses droits en ne l'autorisant pas à rencontrer Mark Stroman.

Ce recours a échoué mercredi quelques heures avant l'exécution de Stroman.

Rais Bhuiyan est une des trois victimes de la randonnée mortelle que Stroman avait entreprise dans Dallas et sa région dans les semaines qui avaient suivi le 11 Septembre 2011.

Stroman, un tailleur de pierres amateur d'armes, assurait avoir perdu sa demi-soeur dans les attentats à New York.

«Bouleversé», mais aussi pétri de «rage», selon son avocate Lydia Brandt, il s'était donné pour mission de «venger l'Amérique».

Ne pouvant «pas aller au Moyen-Orient», il s'en était pris «à ceux dont il pensait qu'ils avaient quitté le Moyen-Orient pour s'installer aux États-Unis», notait Me Brandt.

Quatre jours après les attentats, Mark Stroman avait fait sa première victime dans une épicerie: Waqar Hasan, un musulman d'origine pakistanaise, sur lequel il avait tiré à bout portant sans poser de question. Waqar Hasan était mort.

Le 21 septembre, au tour de Rais Bhuiyan, originaire du Bangladesh, d'être visé dans la station-service de Dallas où il travaillait. Grièvement blessé au visage, Bhuiyan s'en était sorti mais en perdant l'usage d'un oeil.

La dernière victime de Mark Stroman s'appelait Vasudev Patel et était hindou.

C'est pour le meurtre de ce dernier que Stroman avait été condamné en avril 2002 à la peine de mort.

Mais quelques mois avant l'exécution de Stroman, Rais Bhuiyan, un musulman pratiquant, s'était pris de pitié pour le condamné, lançant un site internet et prêchant le «pardon» pour son bourreau.

Dans le New York Times de mardi, M. Bhuiyan avait justifié son combat par son éducation: «Mes parents m'ont appris à me mettre dans la peau des autres. Si on te blesse, ne te venge pas. Pardonne. Vis ta vie. Cela ne peut que t'être bénéfique à toi et aux autres».

Les quelque dix années passées dans le couloir de la mort avaient manifestement transformé Mark Stroman d'islamophobe et adepte de la suprématie de la race blanche en un être tolérant.

Au New York Times, Stroman avait lancé mardi: «La haine doit s'arrêter, nous faisons tous partie de la même planète (...) Nous avons besoin de plus de pardon et d'empathie et de moins de haine».

Quant à Rais Bhuiyan, «quelle force d'inspiration», s'était exclamé Mark Stroman.

Rais Bhuiyan n'avait pas pu rencontrer Stroman avant son exécution, ce qui l'avait poussé à attaquer le gouverneur du Texas en justice.

Mark Stroman est le huitième condamné exécuté cette année au Texas, --connu pour être l'Etat américain le plus actif en la matière--, et le 28e aux États-Unis.