Les leaders des deux partis du Sénat américain ont adopté jeudi des mesures pour changer le règlement et limiter les tactiques dilatoires qui ont entravé à la chambre haute ces derniers mois les projets législatifs du président Barack Obama.

Dans un vote de 92 voix contre 4, les élus ont mis fin à la procédure de l'opposition secrète («secret hold») qu'un sénateur peut utiliser pour bloquer un projet de loi sans que son identité ne soit révélée.

Par un vote de 81 voix contre 15, ils ont abandonné la pratique, coûteuse en temps, de la lecture des amendements devant le Sénat, s'ils ont été rendus publics depuis au moins trois jours.

En revanche, les sénateurs ont rejeté trois autres mesures, dont une aurait par exemple permis à la majorité de clore les débats sur un texte avec moins de 60 voix sur 100 comme c'est l'usage actuellement.

Plus tôt dans la journée, le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, avait annoncé un accord avec les républicains pour changer certaines pratiques du Sénat. «L'essentiel de ce que les Américains nous voient faire ici, c'est nous battre», avait déploré M. Reid jeudi. Pour lui, les changements sont «très, très significatifs», et vont permettre d'avoir un «Sénat plus sain».

Un autre vote devrait avoir lieu ultérieurement pour accélérer le processus de confirmation des nominations de membres de l'administration, souvent restées en panne à la Chambre haute. Ce texte réduirait d'environ un tiers le nombre de nominations qui peuvent être sujettes à des discussions au Sénat.

En outre, les sénateurs se sont mis d'accord pour limiter les possibilités de blocage («filibuster») d'un projet de loi, au moment où la majorité souhaite le soumettre formellement à l'examen des élus. En contrepartie, ils se sont mis d'accord pour que l'opposition puisse présenter des amendements sans obstruction de la part de la majorité.

L'accord entre les républicains et les démocrates prévoit aussi que les leaders du Sénat ne réclameront pas - au cours de l'exercice de Congrès ou dans le prochain - de changements plus profonds au règlement du Sénat qui modifieraient «fondamentalement» l'institution.

Ainsi, tout changement aux règles du Sénat ne pourra être effectué par un simple vote avec une majorité de 51 voix sur 100.

Cet accord intervient alors que le Sénat où la majorité démocrate est passée de 59 élus à 53 après les élections législatives de novembre 2010, affiche d'importantes divisions partisanes, notamment sur le projet républicain d'abroger la réforme de la couverture maladie adoptée en mars par le Congrès.

Les deux partis sont également divisés sur la réponse à donner à la question du déficit budgétaire record des États-Unis.

Il faut 60 voix au Sénat pour faire adopter un projet de loi sans que l'opposition puisse s'y opposer.

Lors des deux premières années du mandat du président Obama, des dizaines de projets de loi adoptés à la Chambre des représentants n'ont pu franchir la barrière du Sénat. Parmi eux figurait notamment l'une de ses priorités: un vaste projet de loi de lutte contre les gaz à effet de serre.

Par ailleurs, devant le blocage des nominations, le président Obama a dû avoir recours parfois à une prérogative qui lui permet de valider par décret les nominations de responsables de l'administration.