Deux semaines après un sérieux revers pour les démocrates aux législatives, le Congrès américain sortant a repris ses travaux lundi avec des débats houleux en perspective d'ici la fin de l'année sur la fiscalité, les dépenses ou le traité de désarmement nucléaire START.

Les alliés démocrates du président Barack Obama ont une dernière chance d'intervenir au cours de la session dite «lame duck» («canard boiteux»). Ce nom insolite désigne une réunion du Congrès où la majorité battue aux élections peut encore intervenir, avant l'arrivée de la nouvelle majorité en janvier.

Les républicains ont ravi la majorité à la Chambre des représentants et entamé la majorité démocrate au Sénat, lors des élections de mi-mandat le 2 novembre, donnant un coup d'arrêt aux réformes du président Obama jusqu'à la fin de son mandat en 2012.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a estimé que les électeurs souhaitaient que les élus des deux bords travaillent ensemble. «Le changement le plus important que nous puissions faire est de travailler de façon plus productive (...) pour aider notre économie à retrouver sa vigueur», a-t-il dit.

De son côté, le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, a assuré qu'il soutiendrait un moratoire sur les mesures législatives destinées à des intérêts locaux («earmarks»), souvent glissées par les élus dans de plus vastes projets de loi en échange de leur soutien. Un vote aura lieu mardi au sein du groupe républicain.

Lundi, M. Obama a dit accueillir favorablement une telle mesure, ces dépenses constituant selon lui «des gaspillages que nous ne pouvons pas nous permettre en cette période économique difficile». Il a aussi appelé républicains et démocrates à «trouver les moyens de réduire les déficits (dont hériteront) nos enfants».

M. Obama avait déclaré peu après les élections qu'il souhaitait travailler avec les républicains et les a invités jeudi à la Maison Blanche.

Cette réunion interviendra au moment où les élus doivent prendre une décision sur la prolongation ou non des allégements d'impôts adoptés en 2001 et 2003 sous la présidence de George W. Bush, et qui arrivent à expiration fin décembre.

M. Obama a réitéré dimanche sa position sur le gros dossier fiscal de la session qui s'ouvre: il s'est montré ouvert à une prolongation, mais temporaire seulement, des allégements fiscaux pour les riches, soit les familles gagnant plus de 250 000 dollars par an.

Les républicains de leur côté souhaitent une prolongation permanente de ces mesures pour tous.

Les élus devront également se prononcer sur une loi de finance du gouvernement fédéral, car le Congrès n'a pas encore envoyé à M. Obama de plans de financement annuels.

Ce sujet s'annonce lui aussi épineux car les républicains ont fait campagne sur une réduction drastique des dépenses de l'État fédéral et veulent un retour aux niveaux de dépenses de 2008. L'aile ultra-conservatrice du parti républicain, le mouvement «Tea Party», qui fera son entrée en janvier au Congrès, surveillera de près cette question.

Côté politique extérieure, le Sénat sera le théâtre d'un laborieux débat sur la ratification du nouveau traité de désarmement nucléaire signé en avril par M. Obama et son homologue russe.

Aux États-Unis, les traités doivent être ratifiés par les deux tiers du Sénat, soit 67 élus sur 100. Les sénateurs démocrates du Congrès sortant ne sont que 57, plus deux indépendants votant avec eux.

Les républicains ont indiqué qu'ils souhaitaient des assurances quant à la possibilité de moderniser l'arsenal nucléaire américain et de garder une défense antimissile crédible.