En visite en Arabie saoudite, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a choisi mardi de rencontrer des étudiantes de Dar Al-Hekma, université de l'élite féminine aspirant à s'imposer dans la vie politique et sociale du royaume ultraconservateur.

Au lieu de l'une des énormes universités d'État, Mme Clinton a opté pour un établissement qui doit lui rappeler l'université de Wellesley, au Massachusetts, où elle a fait ses études. Les deux universités ont d'ailleurs un accord de coopération, incluant des échanges d'étudiantes et de programmes.

Elle y a été célébrée comme «la femme la plus populaire» du monde, malgré une arrivée avec du retard.

La foule de jeunes femmes lui a réservé une ovation avec des cris et des sifflets et l'une des organisatrices s'est saisie d'un microphone pour demander aux étudiantes de ne pas laisser passer l'occasion historique d'avoir un échange avec «la femme la plus puissante» du monde.

Mme Clinton a longuement parlé de l'Iran en disant notamment que ce pays prétend que son programme nucléaire est pacifique mais que «rien ne prouve cela». Elle répondait à une étudiante qui demandait pourquoi les États-Unis, le seul pays ayant utilisé l'arme atomique, adoptaient une ligne dure à l'égard de l'Iran alors qu'Israël possèderait l'arme nucléaire.

Dar Al-Hekma a été fondé il y a dix ans pour répondre à une demande croissante de jeunes femmes cosmopolites qui souhaitent entrer dans le monde du travail, a déclaré à l'AFP la vice-doyenne de l'établissement, Saleha Abdin.

Les diplômées des universités publiques ne sont pas suffisamment formées pour travailler et la plupart deviennent finalement des femmes au foyer.

«Nous avons voulu répondre à une demande du marché» qui veut des femmes souhaitant mener une carrière professionnelle, a-t-elle ajouté, assurant que les «étudiantes sont immédiatement embauchées si elles le désirent».

Selon Mme Abedin, 60% des diplômées de Dar Al-Hekma ont un emploi, ce qui dépasse de loin le pourcentage pour les diplômées des universités publiques.

Un millier de jeunes femmes fréquentent cet établissement de la ville portuaire de Jeddah, sur la mer Rouge, des études de gestion, de droit, de marketing et d'éducation, dont le premier programme saoudien pour l'éducation des enfants autistes.

Mais ce qui attire le plus grand nombre dans l'établissement dont les frais de scolarité s'élèvent à environ 15 000 dollars par an, est la formation au graphisme, la première destinée aux femmes dans le royaume.

À la différence des autres universités, Dar Al-Hekma suit un cursus à l'américaine et ses étudiantes doivent effectuer des travaux volontaires pour la communauté. Elles sont également encouragées à participer à différents sports, réservés traditionnellement aux hommes dans le royaume.

Dans le cadre des cours de religion islamique, «nous enseignons des matières comme l'histoire de la femme dans l'islam», dit Mme Abedin.

Dania al-Masri, une jeune Jordanienne en troisième année de graphisme, affirme qu'elle a déjà décidé avec cinq de ses camarades de créer une entreprise spécialisée dans le travail social.

Dar Al-Hekma «m'a ouvert des opportunités auxquelles je ne m'attendais pas», dit-elle, ajoutant avoir effectué dans le cadre de ses études des voyages organisés par l'université à Vienne et à Boston.