Le président Barack Obama réunit mardi les responsables des services de renseignement après avoir pointé les carences «inacceptables» qui ont permis à Al-Qaeda de commettre un attentat - raté - contre un avion de ligne américain.

À peine rentré de ses vacances bouleversées par la tentative d'un jeune Nigérian de faire sauter un vol Amsterdam-Detroit le 25 décembre, M. Obama doit s'entretenir avec les dirigeants des principaux services, ainsi que le département d'État, pour faire le point sur l'enquête.

Dès lundi, M. Obama devait évoquer le dossier avec la centrale du renseignement (CIA) et son conseiller pour les affaires de contre-terrorisme, John Brennan, a indiqué son porte-parole.

Plus de huit ans après les attentats du 11 septembre 2001 et malgré des milliards de dollars investis, les services américains ont subi un grave revers lorsque Umar Farouk Abdulmutallab a réussi à monter à bord d'un avion avec des explosifs.

Sa bombe artisanale n'a pas totalement fonctionné. L'enquête a montré que le père de ce musulman de 23 ans avait alerté en novembre la diplomatie américaine au sujet de son fils.

Mais ces informations transmises aux services de renseignement n'ont pas été recoupées ni partagées par les différentes administrations. Le suspect n'a pas été placé sur la liste des personnes interdites de vol à destination des États-Unis et son visa n'a pas été révoqué.

Selon le Washington Post et le New York Times, des communications électroniques en provenance du Yémen, où le suspect a séjourné, avaient été interceptées par l'Agence de sécurité nationale (NSA) et indiquaient qu'un Nigérian était entraîné pour une mission d'Al-Qaeda. D'autres communications évoquaient un projet d'attentat à Noël.

Dimanche, M. Brennan a toutefois noté qu'aucune «preuve flagrante» n'aurait permis de prévoir l'attentat raté.

La semaine dernière, M. Obama a jugé «totalement inacceptable (...) l'échec du dispositif» de sécurité, avant d'annoncer la réunion de mardi, destinée à «faire le point sur les enquêtes et sur les améliorations qu'il convient d'apporter en matière de sécurité et d'échanges de renseignements».

Le manque de coopération et de communication entre les agences avait déjà été dénoncé après les attentats du 11 septembre 2001. Certains médias américains spéculaient lundi sur la possibilité que M. Obama exige des démissions.

«Le renseignement et la collecte d'informations seront toujours difficiles et ne débouchent pas toujours sur des données complètes et il (le président) le comprend», a expliqué un haut responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

«Mais en même temps, lorsque nous avons des informations de bonne qualité, on ne tolérera pas que ces informations ne soient pas partagées», a ajouté ce responsable.

Aucun détail n'avait filtré lundi sur les participants à la réunion, mais Dennis Blair, titulaire du poste de directeur du renseignement créé après les attentats du 11 septembre 2001 pour chapeauter les différents services, devrait de toute évidence être là.

Alors que la réunion de mardi doit aussi examiner le renforcement de la sécurité des transports aériens, Washington a révisé en profondeur ses listes de personnes surveillées voire interdites de vol: «il y a eu sans doute des milliers de noms» passés en revue, et «sans doute des dizaines qui ont été déplacés sur d'autres listes», a expliqué lundi un porte-parole de M. Obama.

Des contrôles accrus de l'intégralité des passagers originaires ou en provenance de pays considérés comme des soutiens au terrorisme ont déjà été annoncés dimanche.