Les États-Unis continueront à renvoyer des détenus de Guantanamo au Yémen, pays menacé par l'influence d'Al-Qaeda, malgré l'attentat raté du 25 décembre à bord d'un vol Amsterdam-Detroit, a assuré dimanche le conseiller anti-terroriste du président Barack Obama.

Lors d'un entretien sur la chaîne de télévision CNN, le conseiller, John Brennan, a indiqué que Washington rapatrierait comme prévu au Yémen les détenus de ce pays qui ne seront pas transférés sur le sol américain.

«Nous devons faire en sorte de pouvoir fermer Guantanamo, qui a servi d'instrument de propagande à Al-Qaeda et d'autres. Il faut fermer ce site», a déclaré M. Brennan.

Le président Barack Obama a accusé samedi la branche yéménite d'Al-Qaeda d'avoir armé et entraîné Umar Farouk Abdulmutallab, le jeune Nigérian qui a tenté de faire sauter le vol 253 de la compagnie américaine Northwest Airlines (groupe Delta) le jour de Noël.

Trois sénateurs américains ont appelé la semaine dernière M. Obama à cesser de transférer des détenus de Guantanamo au Yémen sans garanties de Sanaa qu'ils ne retourneront pas au combat aux côtés d'Al-Qaeda.

Mais selon M. Brennan, l'attentat raté était «un incident isolé» qui «ne change en rien la situation sur le terrain au Yémen» où plusieurs détenus renvoyés par Washington ont été internés dès leur retour au pays.

«Nous savons qu'Al-Qaeda y est présent, nous savons que nous devons y prendre garde et agir vis-à-vis de ces détenus d'une manière qui ne mette pas en danger nos concitoyens», a-t-il poursuivi. «Nous sommes très satisfaits de la manière dont les autorités yéménites ont agi avec un détenu que nous avons renvoyé il y a six semaines», a-t-il dit.

Selon les médias américains, une quarantaine des quelque 90 détenus yéménites de Guantanamo pourraient être renvoyés dans leur pays.

«Beaucoup (des 90 Yéménites) feront l'objet de poursuites» devant des tribunaux militaires américains ou de droit commun, a indiqué M. Brennan. «Certains seront renvoyés au Yémen quand il faudra, comme il faudra et au rythme voulu», a-t-il précisé.

Les Yéménites représentent la moitié des quelque 200 détenus de Guantanamo, le pénitencier ouvert en 2002 par l'administration Bush sur une base américaine à Cuba afin d'interner les suspects de terrorisme. Le président Barack Obama a promis dès son arrivée au pouvoir de fermer la prison ce mois-ci, mais l'administration reconnaît qu'elle ne parviendra pas à tenir les délais.

L'administration a annoncé en décembre l'acquisition d'une prison de l'Illinois (nord) afin d'y accueillir certains prisonniers.

M. Brennan a fait valoir que l'administration Bush avait relâché 532 détenus de Guantanamo, contre seulement 42 transférés à l'étranger par l'administration Obama.

L'un des dirigeants présumés de la branche d'Al-Qaeda au Yémen est un ancien détenu de Guantanamo, selon une liste publiée par le Pentagone. Saïd Ali al-Shihri, transféré en Arabie Saoudite en 2007, est soupçonné d'avoir été depuis impliqué dans l'attentat contre l'ambassade américaine en 2008 à Sanaa.