Intelligence et pragmatisme. L'emploi de ces mots n'était pas innocent. S'il faut se fier à Hillary Clinton, ils guideront la politique étrangère des États-Unis au cours des prochaines années, façon polie de dire qu'ils ont été absents de la diplomatie américaine sous l'administration sortante.

«Nous devons recourir à ce qu'on appelle le pouvoir intelligent, à l'ensemble des outils à notre disposition. Avec le pouvoir intelligent, la diplomatie sera l'avant-garde de la politique étrangère», a déclaré la sénatrice de New York, hier, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui doit confirmer sa nomination au poste de secrétaire d'État. Et d'ajouter: «La politique étrangère doit être fondée sur l'union de principes et du pragmatisme».

 

Choisie en décembre dernier pour succéder à Condoleezza Rice, Hillary Clinton a été accueillie avec chaleur par les membres de la commission sénatoriale, dont le nouveau président, le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, a lui aussi rêvé en vain à la Maison-Blanche.

«Sa présence à l'étranger se signalera par un message fort et immédiat que l'Amérique est de retour», a déclaré le sénateur Kerry en parlant de l'ancienne rivale de Barack Obama.

Mises en garde

Tout en manifestant un grand respect pour leur collègue de New York, plusieurs membres de la commission, démocrates comme républicains, l'ont mis en garde contre d'éventuels conflits d'intérêts avec les activités de la fondation de son mari, l'ancien président Bill Clinton.

«Le coeur du problème, c'est que des gouvernements ou des entités étrangers puissent percevoir la fondation Clinton comme un moyen de gagner les faveurs du secrétaire d'État», a déclaré le sénateur républicain de l'Indiana, Richard Lugar.

La sénatrice de New York, qui abandonnera ce titre le jour de sa prestation de serment comme secrétaire d'État, n'a pas abordé cette question dans ses remarques publiques. Elle avait cependant déjà répondu par écrit à des questions sur ce sujet.

Une «attitude nouvelle et différente»

S'exprimant d'une voix calme et assurée, la sénatrice de New York a promis une «attitude nouvelle et différente» vis-à-vis de l'Iran, un des trois pays classés parmi l'«axe du mal» par l'administration Bush.

Tout en insistant sur la nécessité de «pousser dans les faits l'Iran à mettre fin à son programme nucléaire et à son soutien au terrorisme», elle n'a exclu «aucune option», y compris le dialogue avec les dirigeants de la république islamique.

«Ce que nous avons tenté n'a pas marché», a-t-elle déclaré, un commentaire qui s'appliquait également à la politique des États-Unis vis-à-vis de la Syrie.

Dans ses remarques préliminaires comme dans ses réponses aux sénateurs, Hillary Clinton a assuré que l'administration Obama ferait «tous les efforts possibles» pour en arriver à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

Elle a également fait allusion à la crise actuelle au Proche-Orient.

«Le président élu et moi comprenons et sommes favorables au désir d'Israël de se défendre dans les circonstances actuelles et de ne plus subir les tirs de roquettes du Hamas, a-t-elle dit. Mais nous connaissons aussi le prix humanitaire des confits au Proche-Orient et nous sommes peinés par les souffrances des civils palestiniens et israéliens.»

La secrétaire d'État désignée a cependant exclu «catégoriquement» toute négociation avec le Hamas tant que cette organisation n'aura pas renoncé à la violence.Elle a par ailleurs promis de travailler étroitement avec la Chine et la Russie sur les questions d'économie, de sécurité et de non-prolifération.

Sur l'Irak, elle n'a pas dévié des promesses formulées par Barack Obama au cours de la campagne présidentielle. Elle a ainsi réitéré l'intention du président désigné de rapatrier les unités de combat américaines présentes dans ce pays avant la fin de 2011.

Elle a promis une approche «plus globale» au problème de l'extrémisme islamique en Afghanistan et au Pakistan. Mme Clinton s'est aussi engagée à travailler plus étroitement avec le Canada que l'administration Bush.