Le gouvernement a saisi la Cour suprême des Etats-Unis en appel contre une décision d'annuler la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal, icône de la lutte contre la peine capitale, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

L'avocat de Mumia Abu-Jamal, Robert Bryan, a annoncé lundi dans un communiqué, que cette demande avait été déposée début octobre, ce qu'a confirmé la cour suprême à l'AFP.Interrogé par l'AFP, le bureau du procureur de l'Etat de Pennsylvanie, où Mumia Abu-Jamal est incarcéré, n'a pas donné suite.

Selon un document judiciaire dont l'AFP s'est procuré une copie, la Cour suprême a donné jusqu'au 19 novembre au gouvernement pour rédiger sa motion, après quoi la défense répondra, puis les neuf sages décideront s'ils acceptent d'examiner l'affaire.

Le 27 mars, la cour d'appel de Pennsylvanie (est), où Mumia Abu Jamal, est enfermé dans le couloir de la mort depuis 26 ans, avait annulé sa condamnation à mort tout en confirmant sa culpabilité dans le meurtre d'un policier blanc survenu en 1981.

Les juges de Pennsylvanie avaient en effet estimé que lors du procès de 1982, les instructions données aux jurés avaient pu leur faire croire qu'ils devaient s'accorder à l'unanimité sur des circonstances atténuantes pouvant épargner au condamné la peine capitale, alors que la procédure est en fait moins restrictive.

Pour que la peine ne soit pas automatiquement commuée en réclusion criminelle à perpétuité, il fallait que l'accusation réclame l'organisation d'une nouvelle audience devant un jury.

«Nous sommes à la croisée des chemins dans cette affaire, c'est une question de vie ou de mort pour la liberté de Mumia», a réagi Robert Bryan, son avocat dans un communiqué.

Ex-journaliste radio et militant des «black panthers», un mouvement révolutionnaire afro-américain formé en 1966 aux Etats-Unis, aujourd'hui âgé de 54 ans, Mumia Abu-Jamal a été condamné en 1982 pour le meurtre l'année précédente du policier Daniel Faulkner. Il a toujours clamé son innocence.

Parallèlement, Me Bryan a rappelé son intention de déposer une requête devant la Cour suprême pour racisme, alors que le jury qui a condamné Mumia Abu-Jamal était presque totalement blanc.

Le 6 octobre, la Cour suprême avait refusé d'examiner une demande déposée par Mumia Abu-Jamal pour l'organisation d'un nouveau procès car plusieurs témoins affirment avoir fait l'objet de pressions pour accuser Abu-Jamal.