Le Mali tentait d'enrayer la progression d'Ebola lundi en mettant sous surveillance sanitaire plus de 440 personnes à risque, tandis qu'aux États-Unis un médecin sierra-léonais rapatrié d'urgence a perdu sa bataille contre le virus.

Le médecin infecté par Ebola et traité depuis son rapatriement samedi aux États-Unis dans un état «extrêmement grave», est décédé, a annoncé lundi matin dans un communiqué le Nebraska Medical Center, soulignant qu'il avait succombé «du fait des symptômes très avancés de la maladie».

«Malgré des efforts 'héroïques', la maladie était trop avancée pour le sauver», a déploré l'hôpital, qui a prévu une conférence de presse dans la matinée.

Le Dr Martin Salia, résident américain de 44 ans qui travaillait à l'hôpital Connaught de Freetown, était le premier ressortissant sierra-léonais malade d'Ebola à être rapatrié aux États-Unis, où ont déjà été traitées neuf personnes dont la plupart avaient contracté la maladie en Afrique.

Il s'agit du second patient à mourir d'Ebola aux États-Unis, après le Libérien Thomas Eric Duncan mort le 8 octobre.

«Nous avons utilisé tous les traitements disponibles pour donner toutes les chances de survie au docteur Salia», a relevé le Dr Smith. «Comme nous l'avons appris, le traitement tôt de ces malades est essentiel».

Le Dr Salia était le sixième médecin sierra-léonais à avoir contracté le virus Ebola qui a tué ses cinq confrères.

La Maison-Blanche a présenté ses condoléances à la famille du chirurgien «qui a dédié sa vie à sauver celle des autres».

«Le décès du docteur Salia est un nouveau rappel du coût humain de cette maladie et de l'impératif persistant de combattre cette épidémie sur la ligne de front», a poursuivi le porte-parole de la Maison-Blanche.

L'inquiétude grandit au Mali

Dernier pays en date touché par Ebola, le Mali déplore depuis un mois quatre morts pour cinq cas répertoriés, dont une fillette de deux ans et un imam guinéen décédé le 25 octobre à Bamako, la capitale malienne.

«Trois décès (ont été) liés» à ce dernier et une personne ayant été en contact avec lui à Bamako a été testée positive, a indiqué le coordinateur du Centre opérationnel d'urgence contre Ebola, le professeur Samba Sow, dans un communiqué.

Une situation qui a poussé les autorités à mettre sous surveillance 442 personnes ayant pu entrer en contact avec l'imam de la ville de Kourémalé, à cheval sur les deux pays, venu se faire soigner à Bamako. «Elles ont toutes été mises en observation pour contrôle sanitaire», a expliqué M. Sow.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta devait se rendre lundi après-midi du côté malien de Kourémalé.

Inquiet du risque de propagation du virus dans la capitale de près de 2 millions d'habitants en 2012, le pays a néanmoins reçu une bonne nouvelle: le foyer de la maladie à Kayes (ouest), d'où était originaire la fillette de 2 ans, a été déclaré «éteint» après plus de 21 jours - durée maximale d'incubation du virus - sans nouveau cas, a annoncé le ministère de la Santé.

La Commission européenne a annoncé lundi une nouvelle enveloppe de 29 millions d'euros pour l'Afrique occidentale, ce qui porte sa contribution totale à 373 millions d'euros. La Croix-Rouge internationale va également envoyer des experts au Mali.

Contrôles pour les passagers du Mali

L'apparition au Mali du virus de la fièvre hémorragique, qui provoque la plus grave épidémie depuis son identification en 1976, a poussé les États-Unis à accroître leurs mesures de protection.

Ainsi, dès lundi, le dispositif de contrôle en place depuis le 11 octobre pour les passagers en provenance des trois pays d'Afrique de l'Ouest le plus affectés par l'épidémie d'Ebola (Liberia, Sierra Leone, Guinée) a été étendu aux passagers arrivant du Mali.

Une décision prise «par précaution», ont expliqué les Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), car «un grand nombre de personnes ont pu être exposées» aux cas maliens.

Selon les CDC, il n'existe pas de vols directs entre les États-Unis et le Mali et «en moyenne 15 à 20 personnes» arrivent chaque jour. La majorité est composée de citoyens américains ou des résidents permanents rentrant aux États-Unis après un séjour au Mali.

Ces passagers devront entrer sur le sol américain par l'un des cinq aéroports déjà mobilisés - New York JFK et Newark, Washington Dulles, Chicago O'Hare et Atlanta - où un dispositif de dépistage est en place (température, questionnaire, etc). Ils devront aussi se soumettre à un protocole de contrôle pendant la période d'incubation de 21 jours.

La France - qui accueille une communauté malienne de 120 000 personnes, selon une estimation de l'ambassade du Mali en France - a étendu la semaine dernière ses contrôles de santé aux passagers en provenance du Mali, et déconseillé à ses ressortissants de se rendre à Bamako.

L'épidémie d'Ebola qui sévit depuis le début de l'année en Afrique de l'Ouest a fait 5177 morts sur 14 413 personnes infectées, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié vendredi.

Une campagne mondiale de prévention «11 contre Ebola» a été lancée lundi avec la participation de vedettes du soccer comme Cristiano Ronaldo, Neymar, Didier Drogba ou encore Philipp Lahm.