Des représentants du gouvernement canadien et ceux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont entretenus, vendredi, en lien avec les restrictions de voyage imposées par le Canada aux résidants et aux citoyens de pays touchés par l'épidémie d'Ebola.

Des experts en droit international de santé estiment que la décision du Canada enfreint le Règlement sanitaire international (RSI), un traité que le Canada a lui-même contribué à amender en 2003, après l'éclosion du SRAS.

L'OMS, qui décourage vivement aux gouvernements de fermer leurs frontières aux résidants de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia, avait demandé plus tôt cette semaine au Canada d'expliquer les motifs scientifiques et de santé publique derrière sa décision.

Le gouvernement a annoncé le 31 octobre qu'il cesserait immédiatement l'émission de visas pour les ressortissants étrangers qui se sont rendus dans des pays comme la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia.

Après leur rencontre vendredi, toutefois, le gouvernement du Canada et l'OMS semblaient s'être rapprochés sur la question.

Selon le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, l'OMS a été rassurée par le fait que les nouvelles mesures adoptées par le Canada n'allaient pas empêcher les Canadiens de se rendre dans ces pays pour aider les organisations locales.

Le ministère a refusé de présenter des preuves scientifiques pouvant appuyer sa décision, se contentant de répéter qu'il s'agissait de la meilleure option pour protéger les Canadiens de la propagation du virus.

Dans un courriel à La Presse Canadienne, le porte-parole de l'OMS Tarik Jasarevic a indiqué que l'organisation reconnaissait que le Canada n'imposait pas une «interdiction générale» de voyager, donc que les «travailleurs canadiens de la santé (et d'autres citoyens le désirant) pouvaient se rendre dans ces pays africains».

Or, il n'a jamais été question que le Canada ordonne une interdiction générale de voyager.

Quand le gouvernement Canada a énoncé ses intentions le 31 octobre, il a précisé que ces restrictions ne s'appliquaient pas aux professionnels de la santé qui retournaient au pays.

Néanmoins, un spécialiste en droit international de la santé de l'Université de l'Indiana croit que le Canada fait une erreur, même avec des restrictions de voyage précises. Selon David Fidler, la décision du gouvernement Harper pourrait influencer d'autres pays à fermer leurs frontières.

«Apparemment, n'importe quel pays peut maintenant bloquer l'entrée aux voyageurs provenant de l'Afrique de l'Ouest sans fournir d'explications, en autant que les gouvernements n'interdisent pas à leurs propres citoyens de voyager», a déploré M. Fidler.

«L'OMS a critiqué de telles mesures parce qu'elles stigmatisent, sans aucune justification, les voyageurs des pays de l'Afrique de l'Ouest», a-t-il ajouté.

Le Règlement sanitaire international édicte que tous les pays aux prises avec une épidémie doivent le rapporter à l'OMS. En revanche, les autres signataires du traité s'engagent à ne pas pénaliser le pays affecté par des restrictions diverses, du moins pas au-delà des recommandations de l'OMS.