Un incendie de forêt s'est déclaré mardi en Ukraine à proximité de la centrale de Tchernobyl, théâtre de la pire catastrophe du nucléaire civil en 1986, ont annoncé des responsables du service d'Etat des Situations d'urgence.

«Le feu est à 15-20 kilomètres», a précisé à l'AFP une porte-parole du site, Maïa Roudenko, ajoutant qu'il n'y a «aucun problème là-bas».

Selon le service d'État des situations d'urgence, l'incendie s'est déclaré en début d'après-midi heure locale, se propageant sur plusieurs centaines d'hectares.

Mais plusieurs heures plus tard, il n'était toujours pas maîtrisé malgré l'envoi de près de 200 hommes, de plusieurs véhicules d'urgence, un hélicoptère et deux avions An-32.

Néanmoins le chef des services des Situations d'urgence, Zorian Chkiriaka, a affirmé que «la situation est sous contrôle», sur sa page Facebook.

Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk s'est rendu dans la journée dans la zone pour rencontrer les pompiers, selon des images de la télévision. «Je voudrais tout d'abord vous rassurer. La situation est sous contrôle», a-t-il, lui aussi, déclaré, de retour à Kiev, depuis l'aéroport de Jouliany.

«Nos services des Situations d'urgence font tout pour arrêter la propagation de l'incendie», a-t-il ajouté.

Peu auparavant, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov avait souligné que la hauteur des flammes et «de soudaines rafales» créaient une «grave menace de propagation». Il a souligné que la situation en raison de ces rafales avait «empiré» à partir de 18h30.

Selon lui, l'incendie touche une zone d'environ 400 hectares de forêt.

Joint par l'AFP, un représentant de l'inspection d'État sur la réglementation nucléaire a déclaré que «le niveau de radiation au niveau de la centrale de Tchernobyl n'avait pas changé».

L'Ukraine a marqué dimanche le 29e anniversaire de l'explosion d'un réacteur de la centrale, sur fond de débat persistant concernant le bilan humain de cette catastrophe de 1986.

Le comité scientifique des Nations unies sur les effets des rayonnements ne reconnaît officiellement que la mort de 31 opérateurs et pompiers directement liée à la catastrophe, alors que l'ONG Greenpeace parle d'au moins 100 000 morts imputables à la contamination radioactive, essentiellement parmi les «liquidateurs».

Il s'agit de ces centaines de milliers de personnes dépêchées par les autorités soviétiques sans véritable protection sur les lieux de l'accident pour éteindre l'incendie, nettoyer la zone contaminée et construire à la va-vite une chape de béton baptisée «sarcophage» afin d'isoler le réacteur touché.

Malgré l'accident, la centrale de Tchernobyl a continué de fonctionner et produire de l'électricité jusqu'en 2000, date de l'arrêt de son dernier réacteur opérationnel.

Aujourd'hui, des travaux y sont effectués afin de bâtir une nouvelle chape d'acier, près du réacteur n°4 qui avait explosé le 26 avril 1986, contaminant une grande partie de l'Europe, mais surtout l'Ukraine, le Bélarus et la Russie.

Le «sarcophage», construit dans l'urgence, est en effet fissuré.

La construction de cette gigantesque chape d'acier de plus de 20 000 tonnes, estimée au total à plus de 2 milliards d'euros, est financée par des donations internationales gérées par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).

La fin de ce projet, réalisé par Novarka, coentreprise des groupes français Vinci et Bouygues, était d'abord prévue pour fin 2015, avant d'être repoussée l'an dernier à la fin 2017 en raison de «difficultés technologiques» dues à sa complexité, selon la Berd.