Alassane Ouattara a prêté serment vendredi comme président de la Côte d'Ivoire, après cinq mois de crise liée à la contestation de la présidentielle par le chef d'État sortant Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril et dont la première audition a été reportée.

Les deux défenseurs français de M. Gbagbo ont été refoulés vendredi matin avant le premier interrogatoire du président déchu par la justice ivoirienne à Korhogo (nord). Le procureur a en conséquence reporté son audition et «avisera» samedi de la conduite à tenir.

M. Ouattara, 69 ans, a prêté serment, debout, la main droite levée, devant le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'Dré, au palais de la présidence, dans le quartier administratif du Plateau (centre), à Abidjan.

«Devant le peuple souverain de Côte d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les droits et libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l'intérêt supérieur de la Nation», a-t-il déclaré.

«Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois si je trahis mon serment», a-t-il ajouté en présence des membres du gouvernement, de diplomates, de représentants des forces armées, des partis politiques et de la société civile.

«C'est le début d'une nouvelle ère de réconciliation et d'union entre toutes les filles, entre tous les fils de notre chère Côte d'Ivoire», a promis M. Ouattara lors d'une courte intervention, aussitôt après sa prestation de serment.

Cette cérémonie est intervenue au lendemain de la proclamation d'Alassane Ouattara comme président de la République par le Conseil constitutionnel, mettant fin à la controverse sur l'élection présidentielle.

Le 3 décembre 2010, M. Yao N'Dré, proche de Laurent Gbagbo, avait ouvert la plus grave crise de l'histoire du pays en proclamant M. Gbagbo réélu avec 51,45% des suffrages au scrutin du 28 novembre.

Le Conseil venait alors d'invalider les résultats de la commission électorale indépendante, certifiés par l'ONU, donnant M. Ouattara vainqueur avec 54,1% des votes.

Le 4 décembre, la Côte d'Ivoire s'était ainsi retrouvée avec deux présidents.

Laurent Gbagbo avait finalement été arrêté par les forces pro-Ouattara dans la résidence présidentielle à Abidjan le 11 avril, après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne et des Nations unies, mettant fin à quatre mois de crise et 15 jours de guerre, qui ont fait près de 3.000 morts, selon les autorités, et environ un million de déplacés.

La cérémonie d'investiture du président Ouattara doit se tenir le 21 mai à Yamoussoukro (centre), la capitale politique du pays, en présence de chefs d'Etat étrangers.

Dans le même temps, le premier interrogatoire de M. Gbagbo a été reporté en raison d'un «contretemps», a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Abidjan Simplice Kouadio Koffi.

«Nous attendons les avocats de M. Gbagbo. Il y a eu un contretemps aujourd'hui (vendredi). J'attends demain (samedi) et j'aviserai», a-t-il déclaré.

Les avocats français de M. Gbagbo ont été refoulés à leur arrivée à Abidjan faute de visa en règle. Ils ont dénoncé un «piège» et une «violation des droits de la défense» à leur retour à Paris. Ils avaient également indiqué avoir demandé un report de l'audition.

Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a de son côté annoncé vendredi qu'il enquêtait sur des violences dans le quartier de Yopougon à Abidjan, qui était le dernier bastion des miliciens fidèles à l'ex-président Laurent Gbagbo, après la découverte d'un charnier.