Un sous-marin nucléaire d'attaque français a entamé mercredi la recherche des boîtes noires de l'A330 d'Air France qui s'est abîmé le 1er juin dans l'Atlantique, éléments clefs pour aider à élucider l'origine de la catastrophe qui a fait 228 morts.

Depuis la localisation de la zone de la chute de l'appareil samedi, à environ 1.150 km des côtes brésiliennes, six jours après l'accident, 41 corps ont été récupérés ainsi que des pièces importantes de l'avion dont la dérive et une pointe de l'aile, selon l'armée brésilienne.L'Emeraude, l'un des six sous-marins nucléaires d'attaque français, «a entamé ses opérations de recherche», a déclaré à l'AFP le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, porte-parole de l'armée françaises.

Il avait expliqué auparavant que le sous-marin, avec 72 personnes à bord, devait «débuter par une première zone de recherches de 20 (milles) nautiques sur 20 soit 36 km sur 36 qu'il doit couvrir en une journée».

«Il faudra un sacré coup de chance puisqu'on ne dispose pas de la position exacte du crash mais ça mérite d'être tenté», avait averti dès vendredi l'état-major des armées.

L'envoi d'un tel engin de guerre ultra-sophistiqué, disposant de sonars très sensibles, une première pour la France, s'ajoute à un dispositif exceptionnel déployé par la France (400 hommes au total), le Brésil et les États-Unis pour retrouver les corps des victimes et les débris de l'appareil.

En fin de semaine, deux remorqueurs américains disposant également de sonars se lanceront aussi à la recherche des enregistreurs de vol de l'A330 d'Air France.

Le Pentagone a annoncé avoir envoyé deux instruments d'écoute qui peuvent détecter les signaux émis par des boîtes noires à une profondeur allant jusqu'à 6.100 mètres.

L'objectif est de repérer le «ping» (son), qui est émis par les boîtes noires pendant théoriquement un mois après un accident.

Si ces enregistreurs -- conversations du cockpit et paramètres de vol -- sont retrouvés, les trois robots sous-marins embarqués à bord du navire français «Pourquoi Pas», attendu sur les lieux jeudi, tenteront de les récupérer.

Ces robots peuvent descendre jusqu'à 6.000 mètres et disposent d'un bras articulé pour les attraper.

Dans le même temps, les seize premiers corps, enveloppés dans des housses ont été transportés mardi sur la petite île de Fernando de Noronha, à 360 km de la côte brésilienne.

Des experts brésiliens ont procédé à de premiers examens d'identification (empreintes digitales, tatouages, radiographies dentaires...). Interpol a annoncé que l'organisation policière aiderait à coordonner «l'identification des corps des victimes de cette tragédie», originaires de 32 pays.

Dans l'attente des informations cruciales contenues dans les boîtes noires, l'enquête a mis en cause les sondes Pitot qui déterminent la vitesse de l'avion, même si elles ne peuvent pas à elles seules avoir provoqué l'accident, selon les experts.

En cas de panne totale des sondes, le pilotage devient «très instable», a expliqué un responsable d'Alter, un syndicat minoritaire chez Air France.

Sous la pression de pilotes dont certains menaçaient de refuser de voler, Air France a annoncé le remplacement dans les prochains jours de toutes les sondes de vitesse de ses Airbus A330.

La compagnie Air Caraïbe a reconnu avoir connu deux incidents avec ces sondes dont «un mineur» en 2008 et les avoir changées. Après la compagnie américaine US Airways, les compagnies aériennes Swiss (groupe Lufthansa) et Qatar Airways ont annoncé qu'elles allaient remplacer ces sondes sur leurs A330-A340.

L'Airbus A330 est un avion «sûr», même avec les anciens modèles de sondes, a déclaré mardi un porte-parole d'Airbus. L'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a affirmé que tous les modèles d'Airbus étaient «aptes au vol» et pouvaient être exploités «en toute sécurité».