Les États-Unis et leurs alliés sud-coréens et japonais auront lundi des discussions pour tenter de mettre au point une stratégie face à la Corée du Nord, après le bombardement par Pyongyang d'une île sud-coréenne fin novembre.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton sera l'hôte de cette réunion à Washington, dans la foulée du bombardement par la Corée du Nord de l'île de Yeonpyeong le 23 novembre qui a fait quatre morts, dont deux civils, et a donné lieu pendant des jours à des exercices militaires américano-sud-coréens en mer Jaune.

La Corée du Sud a menacé de riposter par des frappes aériennes si le Nord venait à récidiver et les plus grandes manoeuvres militaires américano-japonaises à ce jour ont débuté vendredi au large de la péninsule coréenne.

Ces démonstrations de force et la réunion de lundi entre Mme Clinton et ses homologues sud-coréen Kim Sung-hwan et japonais Seiji Maehara mettent en évidence l'isolement de la Chine, qui a choisi d'adopter une approche plus conciliante envers son allié nord-coréen.

Washington, Séoul et Tokyo ont tous trois refusé l'invitation de la Chine à se retrouver à Pékin pour des discussions d'urgence à Six (avec Pyongyang et la Russie) après le bombardement.

Les négociations à Six sur le programme nucléaire nord-coréen sont dans l'impasse. Washington, Séoul et Tokyo s'opposent à leur reprise tant que Pyongyang n'aura pas fait preuve de sa bonne volonté en matière de désarmement.

La réunion de lundi «envoie un signal disant que les États-Unis ne sont pas prêts à retourner aux négociations à Six à ce stade», explique Alan Romberg, ancien porte-parole du département d'État et spécialiste de l'Asie au centre de réflexion Stimson Center, qui juge que pour autant, elle ne vise pas à maintenir Pékin à l'écart.

Mme Clinton s'est entretenue jeudi au Kirghizstan avec des responsables chinois et russes, avec lesquels, a-t-elle dit, «nous allons discuter de la manière de travailler ensemble pour tenter d'éviter un conflit».

La réunion de lundi «démontre la coordination extraordinairement étroite» entre Washington, Séoul et Tokyo, et leur «engagement à assurer la sécurité de la péninsule coréenne et la stabilité dans la région», selon le département d'État.

Mme Clinton rencontrera son collègue sud-coréen à 11H15 (heure locale), puis son homologue japonais à 12H15 avant des discussions trilatérales à 13H00, qui seront suivies d'une conférence de presse.

Devraient être évoquées les questions des «exercices militaires, des mouvements de forces et des démonstrations de force» dan la région, selon M. Romberg. «Ils chercheront aussi probablement à déterminer quelle est la meilleure manière de travailler avec la Chine».

Par ailleurs, «la question de l'enrichissement d'uranium (par Pyongyang) n'a pas été évoquée jusqu'à présent lors des discussions à six, mais cela devrait évidemment figurer au menu des discussions», a dit M. Maehara vendredi.

Le ministre a indiqué qu'il espérait parler à Washington de son idée d'imposer à la Corée du Nord la visite d'inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

En novembre, un scientifique américain avait annoncé avoir visité en Corée du Nord une usine d'enrichissement d'uranium équipée d'au moins 1000 centrifugeuses. Ces révélations avaient soulevé la crainte que la Corée du Nord, qui a déjà testé deux engins nucléaires à base de plutonium, ne se lance dans la fabrication d'armes nucléaires avec de l'uranium.