Les efforts pour trouver des survivants à la suite du tremblement de terre et du tsunami s'intensifient au Japon, tandis qu'un réacteur de la centrale nucléaire de Fukushima 1, impossible à maîtriser depuis vendredi, a explosé hier midi.

La télévision nationale a diffusé des images montrant la déflagration et une colonne de fumée s'élevant au-dessus de la centrale. Des vents du sud-ouest ont poussé le nuage vers l'océan.

Le réacteur a résisté, a assuré peu après l'opérateur, Tokyo Electric Power (TEPCO). La possibilité de fuites radioactives est «faible», a ajouté le gouvernement.

Les autorités aux toutefois demandé aux résidants dans un périmètre de 20 kilomètres de rester chez eux et de fermer leurs fenêtres. Trois opérateurs ont été blessés dans l'explosion de la centrale, située à 250 kilomètres de Tokyo. Sept employés portés disparus ont été trouvés sains et saufs.

L'explosion s'est produite dans le réacteur numéro 3 de la centrale. Endommagé lors du séisme, le réacteur était refroidi grâce à de l'eau de mer qu'on y pompait, une mesure d'urgence rarement utilisée par le passé. La procédure entraîne la formation d'hydrogène, et c'est ce gaz hautement inflammable qui aurait provoqué l'explosion d'hier, selon les autorités.

L'explosion de samedi a produit des rejets radioactifs «très importants», a indiqué hier l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français. Mais les autorités japonaises ont assuré que ces rejets n'avaient pas eu de conséquences sur la santé des personnes hors de la zone proche de la centrale.

En parallèle, une alerte a été lancée contre l'arrivée imminente d'un tsunami de trois mètres de haut sur les côtes du nord-est du Japon, mais la vague appréhendée n'a pas fait de dommages.

Les réacteurs 1 et 3 de la centrale continuaient à recevoir de l'eau de mer pour refroidir leur coeur qui pourrait avoir partiellement fondu, selon un rapport de TEPCO. Des rejets de vapeurs et d'éléments radioactifs se produisent depuis samedi et présentent un risque de contamination des populations alentour.

Plus de 180 000 personnes ont été évacuées dans la région.

Dans l'intervalle, plus de 24 000 survivants sont toujours isolés dans les régions touchées par le séisme et le tsunami, selon le gouvernement. Quelque 500 000 personnes ont été déplacées dans les zones frappées par le séisme, qui sont actuellement accessibles par les airs. Au moins 1597 personnes sont mortes, selon le bilan officiel.

En point de presse hier, le premier ministre japonais, Naoto Kan, a souligné que les prochaines semaines allaient être difficiles pour le pays.

«Le Japon vit la pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 65 ans, a-t-il dit dans une allocution transmise en direct à la télévision nationale. Je suis convaincu qu'en travaillant ensemble, de toutes nos forces, nous pouvons surmonter cet obstacle.»

Dans la région de Sendai, située près de l'épicentre du séisme, 2000 corps ont été trouvés, selon l'agence nipponne NHK. Le chef de police de cette préfecture a dit hier que le nombre total des victimes du désastre allait «sans doute totaliser plusieurs dizaines de milliers de personnes».

Répliques

Le Japon a aussi vécu au moins 40 répliques sismiques depuis le tremblement de terre de vendredi, dont quatre d'une magnitude de plus de 6 sur l'échelle de Richter. Il y a 70% de probabilités qu'un nouveau séisme de plus de 7 degrés se produise d'ici à mercredi au Japon, selon l'Agence météorologique nationale. La probabilité diminue ensuite, et sera de 50% à la fin de la semaine.

Dans la ville de Minami Sanriku, dévastée par le tsunami, quelque 10 000 personnes manquent à l'appel, la moitié des résidants. Des survivants ont dit avoir eu quelques minutes à peine pour partir, laissant dernière des personnes âgées et des voisins apeurés. La région inondée est toujours inaccessible par voie terrestre, et le gouvernement japonais évacue les blessés dans des hélicoptères.

Dans la ville de Miyagi, les résidants n'ont pas d'électricité ni d'accès à l'eau potable, mais le climat reste calme, a rapporté l'agence nipponne NHK.

«Les magasins ont changé leur politique. Les gens ne sont plus admis à l'intérieur, de peur qu'ils achètent tout et pénalisent les autres résidants. Chaque boutique n'a qu'une porte d'ouverte, et donne de l'eau et de la nourriture à chacun. Les files sont longues, mais personne ne panique.»

L'agence a aussi rapporté qu'une boutique abandonnée contenant des vivres et un guichet automatique n'a pas été pillée, et ce, en dépit du fait que la vitrine et la porte étaient brisées.

Le gouvernement a indiqué que 46 000 bâtiments avaient été endommagés par le séisme et le tsunami, tandis que près de 6000 ont été détruits.

Black-out à Tokyo

À Tokyo, une série de black-out devaient débuter aujourd'hui à 10h, heure locale, du jamais vu dans la mégapole de 35 millions d'habitants. Or, les coupures n'ont finalement pas eu lieu.

En point de presse, le secrétaire général du cabinet, Yukio Edano, avait dit que les coupures étaient nécessaires pour économiser l'énergie, dont la production est perturbée par la destruction de plusieurs centrales. L'arrêt des trains et les nombreuses fermetures semblent avoir permis d'économiser assez d'énergie pour éviter les black-out.

Hier, Toyota a annoncé l'arrêt de ses usines au Japon au moins jusqu'au 16 mars.

Longues files

Dans la ville de Fukushima, à 75 kilomètres au sud de Sendai, de longues files aux stations-service ont été signalées. La ville a également distribué six litres d'eau aux résidants, qui attendaient durant des heures dans le calme, selon la télévision japonaise.

Les rares chemins encore praticables étaient paralysés par des bouchons de circulation si dense que les gens qui tentaient de fuir la région ont passé la nuit dans leur voiture. Les camions transportant des vivres tentent de rejoindre la ville, et avancent quelques mètres à l'heure, selon des témoins.

- Avec l'AFP