Lauréate du Prix Nobel de la Paix, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) travaille depuis des années à l'anéantissement de ce type d'armes à travers le monde, un travail dangereux qui s'effectuait d'habitude loin du feu des projecteurs.

Chargée de superviser la destruction de l'arsenal syrien suite à une résolution historique des Nations unies, l'OIAC se retrouve depuis environ 6 mois au coeur de l'actualité et des enjeux diplomatiques mondiaux, un rôle que le Nobel est venu mettre en lumière.

Cela n'a pas toujours été le cas : entrée en fonction en 1997, l'OIAC a longtemps travaillé dans l'ombre, détruisant plus de 57 000 tonnes d'armements chimiques, en Irak, Libye, Russie ou aux États-Unis.

Elle est sortie de son relatif anonymat quand la résolution 2118 a été adoptée à l'ONU suite à un accord russo-américain.

Cette dernière, entérinant la destruction de l'arsenal chimique syrien, a permis d'éviter des frappes militaires américaines après une attaque chimique meurtrière survenue le 21 août dans la banlieue de Damas.

«Avant, c'était OIA... quoi? Maintenant, tout le monde connaît l'OIAC», se félicite ainsi, Malik Ellahi, conseiller spécial d'Ahmet Uzumcu, le directeur général de l'organisation.

M. Uzumcu, qui représente l'organisation à Oslo et a été reconduit récemment pour un deuxième mandat, est un diplomate turc expert en matière de désarmement, en poste depuis 2010. Ambassadeur à Vienne puis en Israël, il a également représenté la Turquie auprès de l'OTAN.

Depuis un quartier chic de La Haye, où son siège est situé, l'organisation supervise en fait la mise en oeuvre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), signée le 13 janvier 1993 à Paris et entrée en vigueur le 29 avril 1997.

Cet accord était le premier accord de désarmement négocié dans un cadre multilatéral prévoyant l'éradication d'une catégorie d'armes de destruction massive : son objectif est l'interdiction complète des armes chimiques et la destruction des arsenaux existants dans le monde.

S'appuyant sur le Protocole de Genève de 1925, l'accord interdit la recherche, la fabrication, le stockage et l'utilisation d'armes chimiques et interdit aux signataires d'aider un pays tiers à s'engager dans la fabrication ou l'utilisation de ces armements.

L'OIAC fournit également une assistance et une protection à tout État partie faisant l'objet de menaces ou d'attaques à l'arme chimique.

Hommes et femmes, les inspecteurs de l'OIAC travaillent quotidiennement avec des produits dangereux : le simple contact de gaz sarin avec le peau entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire.

Ils effectuent donc leurs missions dans des combinaisons de protection et pour la première fois, en Syrie, dans un pays en conflit.

A ce jour, l'OIAC compte 190 pays membres représentant plus de 98% de la population mondiale. Quatre États --la Corée du Nord, l'Angola, l'Égypte, le Sud-Soudan-- n'ont ni signé ni ratifié la Convention. Israël et la Birmanie l'ont signée en 1993 mais ne l'ont toujours pas ratifiée, selon le site internet de l'organisation.

Entre 1997 et 2013, l'OIAC a supervisé la destruction de 81% des stocks mondiaux déclarés d'agents chimiques ainsi que plus de 57% des munitions et conteneurs chimiques visés dans la CIAC, selon son site internet.