Le candidat républicain à la présidentielle John McCain n'a plus qu'une vingtaine de jours pour conquérir les électeurs américains, et aurait surtout besoin d'un événement extérieur qui détourne l'opinion des questions économiques, estiment les politologues.

Le républicain a certes fourni mercredi sa meilleure performance lors du troisième et dernier débat face à Barack Obama.

Remis en selle, il a repris jeudi matin son avion de campagne vers la Pennsylvanie avant d'assister jeudi soir à New York à un dîner de charité au profit de l'Eglise catholique à l'hôtel Waldorf Astoria.

Mais le marathon qui s'offre à lui jusqu'au scrutin du 4 novembre est compliqué. Car en dépit de sa bonne prestation télévisée, John McCain est toujours à la traîne dans les sondages.

Son adversaire démocrate était crédité de près de 7 points d'avance au niveau national jeudi, selon une moyenne réalisée par le site indépendant RealClearPolitics.

Selon plusieurs experts interrogés par l'AFP, la crise économique a été fatale à McCain, qui n'a jamais su convaincre sur ce dossier.

A plusieurs reprises, il avait admis mal connaître certains problèmes économiques. Et en septembre, quand Wall Street commençait à plonger, il avait été très décrié pour avoir affirmé que les éléments «fondamentaux de l'économie (étaient) forts».

Or, aujourd'hui, c'est la situation économique mondiale qui mobilise toutes les attentions.

«A part espérer qu'un événement extérieur (par exemple une frappe terroriste sur les Etats-Unis) puisse détourner les sujets économiques comme préoccupation principale de l'esprit des électeurs, il n'a pas d'autre choix que de continuer à concourir aussi énergiquement qu'il peut dans les États Bush qui sont maintenant les Etats-clés», a affirmé à l'AFP Paul Beck, professeur de sciences politiques à l'Université d'Etat de l'Ohio.

«Et il doit les gagner tous, ce qui semble être un énorme défi».

Pour Sam Popkin, professeur de sciences politiques à l'Université de Californie, McCain «semble ne pas avoir de nouvelles idées».

Il «aura donc besoin d'un changement extérieur -- que l'OPEP coupe les robinets de pétrole, que la zone verte à Bagdad explose, que (le président vénézuélien Hugo) Chavez attaque le canal de Panama-- ou bien quelque chose qui fasse paraître son plan économique bien meilleur».

Au cours des prochains jours, le sénateur de l'Arizona doit se rendre en Floride, dans l'Ohio, en Virginie, en Caroline du Nord, dans le Missouri, le Nevada et le Colorado, pour tenter d'inverser la tendance dans ces Etats où se joueront les clés de la Maison Blanche.

Sa colistière Sarah Palin fera campagne séparément pour occuper d'autres terrains. Après le New Hampshire jeudi, elle devrait se rendre dans l'Ohio et dans l'Indiana vendredi.

Mais M. McCain a récolté moins d'argent que Barack Obama, ce qui l'oblige à se concentrer sur un nombre réduit d'Etats, souligne Darrell West, du centre de recherche Brookings Institution.

Et l'actualité financière, en restant au sommet de l'actualité, lui bouche singulièrement l'horizon.

Pour que «McCain gagne, la politique étrangère doit revenir sur le devant de la scène. Plus les sujets économiques dominent, plus Obama est à l'aise», résume Darrell West.

En attendant, le candidat républicain ne lâche pas prise.

Satisfait de sa performance lors du dernier débat, il n'a pas hésité à s'autocongratuler jeudi au cours d'un rassemblement à Downingtown (Pennsylvanie, est). «Nous avons eu un bon débat hier soir», a-t-il assuré. «Je crois que je me suis bien débrouillé».