La colonisation israélienne en  Cisjordanie occupée a connu une forte impulsion avec la mise en chantier de plus de 600 logements en moins d'un mois, a indiqué jeudi le mouvement israélien anti-occupation La Paix Maintenant.

Le rythme des constructions est quatre fois supérieur à celui d'avant la fin du moratoire le 26 septembre, selon La Paix Maintenant. Ce contentieux bloque la poursuite des négociations de paix, les Palestiniens refusant de les reprendre tant que la construction dans les colonies se poursuit.

«Selon nos estimations, 600 à 700 logements ont été mis en chantier en moins d'un mois, ce qui correspond à un rythme quatre fois supérieur à celui qui prévalait avant le gel», a affirmé à l'AFP Hagit Ofran, une responsable du groupe s'opposant à la colonisation.

«Il y a une demande immédiate pour 2000 logements sur les 1 .000 qui ont obtenu toutes les autorisations nécessaires», a-t-elle ajouté.

L'Autorité palestinienne a aussitôt appelé les États-Unis à réagir au «défi flagrant» représenté par l'intensification de la construction.

«Ce défi flagrant aux Palestiniens, aux Arabes et à l'administration américaine exige une réplique arabe et internationale, en particulier américaine», a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

De son côté, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a jugé les informations de La Paix Maintenant  «alarmantes», soulignant dans un communiqué que «la reprise de la construction dans les implantations, qui est contraire au droit international, ne va faire que miner la confiance» nécessaire pour parvenir à la paix.

Dans le camp opposé, le Conseil des implantations juives en Cisjordanie, (YESHA), représentant les colons, a dénoncé la «provocation inutile» de La Paix Maintenant tout en soulignant qu'«il n'y a rien à cacher en ce qui concerne l'étendue de nos constructions».

Selon La Paix Maintenant, le rythme de la construction dans les quartiers de colonisation de Jérusalem-Est a en revanche connu «un certain ralentissement» après l'incident diplomatique déclenché en mars par l'annonce d'un projet de 1600 logements en pleine visite du vice-président américain Joe Biden.

Israël a annoncé le 15 octobre sa décision de lancer des appels d'offres pour 238 logements à Jérusalem-Est, une première depuis cette visite.

En août, La Paix Maintenant avait indiqué que le rythme de construction «en temps normal» était de «1130 logements tous les huit mois dans les colonies» de Cisjordanie.

La précédente augmentation notable de la construction s'était produite avant l'entrée en vigueur du moratoire de 10 mois décrété par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, un phénomène interprété par La Paix Maintenant comme «une ruée des colons pour lancer autant de constructions que possible avant le gel».

M. Nétanyahou, malgré d'intenses pressions internationales, notamment des États-Unis, a refusé de prolonger ce gel partiel arrivé à échéance le 26 septembre, qui concerne les colonies de Cisjordanie mais pas Jérusalem-Est.

Les Palestiniens exigent un nouveau moratoire pour poursuivre les négociations de paix relancées le 2 septembre après 20 mois d'interruption.

Plus de 300 000 Israéliens résident dans les colonies de Cisjordanie, tandis que 200 000 Israéliens se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation érigés à Jérusalem-Est, parmi quelque 270 000 Palestiniens.