Le premier ministre Benjamin Netanyahou a vanté lundi à Washington l'alliance entre Israël et les États-Unis, malgré leur crise à propos de l'accord sur le nucléaire iranien que Washington veut sceller, mais que l'État hébreu entend torpiller.

M. Netanyahou a lancé son offensive anti-iranienne devant un puissant lobby américain pro-Israël, à la veille d'un discours solennel mardi au Congrès qui, a assuré le dirigeant israélien, ne vise pas à manquer de «respect» envers le président Barack Obama.

Car cette «mission historique» de trois jours en terre américaine, selon les mots de M. Netanyahou, s'est faite dans le dos de la Maison-Blanche. Provoquant la colère de la présidence américaine contre l'allié israélien.

«Vous êtes là pour dire au monde entier que l'annonce de la fin de la relation avec les États-Unis est non seulement prématurée, mais fausse», a tonné le premier ministre israélien, devant 16 000 délégués du groupe de pression American Israel Public Affairs Committee (Aipac).

Aux États-Unis, où il a vécu et qui comptent le plus grand nombre de juifs au monde (de 4,5 à 5,7 millions) derrière Israël, M. Netanyahou a défendu la force de l'alliance historique entre les deux pays.

«Malgré les désaccords occasionnels, l'amitié entre l'Amérique et Israël s'est renforcée décennie après décennie et elle résistera aux désaccords du moment pour se renforcer encore à l'avenir», a promis le premier ministre, ovationné.

Il ne s'est pas étendu sur le grave contentieux américano-israélien à propos du programme nucléaire iranien. Il réserve ses munitions pour le Congrès mardi.

États-Unis et Israël pas d'accord

M. Netanyahou a une nouvelle fois exhorté le monde à empêcher la République islamique iranienne -- ennemie d'Israël -- de posséder un jour la bombe atomique.

«Israël et les États-Unis sont d'accord pour que l'Iran n'ait pas d'armes nucléaires. Mais nous ne sommes pas d'accord sur la meilleure manière de l'empêcher de développer ces armes», a expliqué le dirigeant israélien.

Israël est convaincu qu'un accord en préparation entre les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran ne l'empêcherait pas de se doter un jour de la bombe.

Une arme nucléaire aux mains de la puissance chiite est un chiffon rouge pour l'État hébreu, mais aussi pour Washington qui, s'il mise à tout prix sur la voie diplomatique, n'a jamais complètement écarté l'option militaire contre Téhéran.

Après un an et demi de négociations internationales et un texte provisoire en novembre 2013, l'Iran et le 5+1, surtout les États-Unis et Téhéran font tout pour signer d'ici au 31 mars un accord politique complet et définitif. Ils auraient jusqu'au 30 juin/1er juillet pour boucler les détails techniques. En échange de garanties sur la nature civile et pacifique de son programme nucléaire, l'Iran obtiendrait une levée progressive des sanctions américaines, européennes et de l'ONU.

La communauté internationale pourrait alors espérer refermer plus d'une décennie de tensions et de crise au Moyen-Orient.

Quelques jours avant la visite de Benjamin Netanyahou à Washington, les tensions s'étaient étalées au grand jour entre les deux alliés: la Maison-Blanche avait fustigé un voyage «destructeur pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes» déjà glaciales depuis des mois.

Netanyahou respecte Obama

De surcroît, les relations personnelles entre MM. Obama et Netanyahou sont notoirement exécrables depuis des années et aucune rencontre n'est prévue entre les deux gouvernements.

Mais le premier ministre israélien l'a promis: son discours au Congrès n'est pas censé être «irrespectueux»' envers le président de la première puissance mondiale et l'alliée militaire de l'État hébreu.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a aussi réaffirmé devant l'Aipac la solidité des liens américano-israéliens, en même temps que l'opposition de Washington à un Iran doté de la puissance militaire atomique.

«Les États-Unis prendront les mesures nécessaires pour protéger leur sécurité nationale et celle de leurs alliés les plus proches. La diplomatie est le chemin que nous préférons pour assurer notre objectif commun», a expliqué Mme Power. «Mais si la diplomatie échouait, nous ne laisserons jamais, comme tout le monde ici, l'Iran se doter de l'arme nucléaire», a-t-elle tonné.

Le secrétaire d'État John Kerry est lui en Suisse pour revoir son homologue iranien Mohammad Javad Zarif avec qui il négocie depuis des mois sur le nucléaire.

Trente-cinq ans après la rupture des relations diplomatiques américano-iraniennes consécutive à la Révolution islamique, le président Obama a fait d'un rapprochement avec Téhéran une priorité de sa politique étrangère.