À un mois de la date limite pour trouver un accord, la négociation sur le nucléaire iranien était bloquée jeudi à Vienne par des «désaccords fondamentaux» sur les sujets les plus importants.

«La progression est lente si l'on considère le peu de temps qui reste et les désaccords qui demeurent», a dit à l'agence iranienne Isna un haut responsable iranien, tandis qu'une source occidentale confiait à l'AFP sa «préoccupation».

Selon cette source proche des discussions, il n'y a «pas d'évolution de la position des Iraniens sur la plupart des sujets» discutés avec les grandes puissances.

Le 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et l'Iran négocient depuis le début de l'année un accord historique devant garantir aux grandes puissances que l'Iran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions internationales qui privent l'Iran, chaque semaine, de milliards de dollars de revenus du pétrole.

Les parties, réunies de nouveau depuis lundi dans la capitale autrichienne, disent avoir commencé la rédaction d'un document final, tout en reconnaissant la persistance de «nombreuses divergences» soulignées mercredi soir par Mohammed Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne.

Selon plusieurs sources, seuls quelques parties secondaires et... le titre - «Programme général d'action commune» - ont commencé à être rédigés, laissant pour l'instant de côté les questions épineuses.

Deux «désaccords fondamentaux», pour reprendre les termes de la partie iranienne, empêchent pour l'heure un accord.

Le premier concerne l'enrichissement d'uranium, qui permet à un degré élevé d'obtenir le combustible d'une arme nucléaire. Téhéran, qui a toujours affirmé que son programme nucléaire était uniquement civil, insiste pour conserver sa capacité d'enrichissement.

Selon la source occidentale, la discussion n'a pas encore abordé la question du nombre de centrifugeuses - les machines utilisées pour enrichir l'uranium - que la République islamique d'Iran pourrait conserver après un accord. Mais les Occidentaux veulent, comme l'a rappelé le ministre français, Laurent Fabius, ces derniers jours, une réduction drastique de leur nombre.

Le second différend majeur concerne le rythme de la levée des sanctions après un éventuel accord.

«Elles doivent être levées selon un calendrier, mais il y a désaccord sur ce calendrier», a reconnu Mohammed Javad Zarif.

Un accord dans un mois toujours possible? 

Les 5+1, qui manifestent beaucoup de «cohésion» d'après la source occidentale, accepteraient une levée rapide, après un accord, des sanctions économiques et financières dites «unilatérales» prises par l'Union européenne et les États-Unis. Il y aurait ensuite «un démantèlement progressif» des sanctions infligées à l'Iran par l'ONU.

L'accord temporaire de novembre 2013, qui a permis de lancer la négociation, prévoit un dégel des sanctions à hauteur de 4,2 milliards de dollars, par tranche de 550 millions jusqu'à la date-butoir du 20 juillet.

Un allègement «extrêmement limité» et «réversible» du régime qui étrangle l'économie iranienne, a souligné mercredi Jacob Lew, secrétaire américain au Trésor.

L'économie iranienne «reste en situation de détresse», a décrit M. Lew, pour qui la «pression» des sanctions est la meilleure incitation à négocier que puisse avoir Téhéran.

Côté iranien, on plaide que la question nucléaire est «un test de confiance» avec les États-Unis. Sa résolution permettrait de discuter «sur d'autres thèmes», c'est-à-dire l'Irak, l'allié commun de Washington et Téhéran, dont le pouvoir est menacé par une offensive djihadiste.

L'Iran et les grandes puissances continuent, malgré le gouffre qui semble encore séparer leurs positions, à juger possible d'obtenir un accord nucléaire définitif dans les délais prévus, c'est-à-dire dans un mois presque jour pour jour.

Selon les États-Unis, la négociation «sous une forme ou sous une autre» sera désormais quasi quotidienne jusqu'au 20 juillet.

Une prolongation des discussions pour six mois est possible, d'un commun accord. Mais elle est risquée politiquement, tant pour les États-Unis, qui éliront en novembre un nouveau Congrès sans doute encore plus méfiant envers l'Iran, que pour le président iranien Rohani, en butte à la suspicion des conservateurs du régime.