Des discussions très ardues sur le nucléaire iranien se sont achevées jeudi à Genève sans marquer de progrès, selon le représentant de Téhéran Abbas Araghchi.

Les discussions doivent reprendre vendredi pour leur troisième journée.

Après le troisième tour de discussions jeudi, M. Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a déclaré qu'on était toujours «sans progrès» sur les points de divergences qu'il n'a pas spécifiés.

Interrogé plus tôt dans la journée sur la perspective de parvenir à un accord jeudi, le négociateur avait laconiquement répondu : «pour l'instant, non».

«Tant que la perspective d'un accord n'existe pas, je ne pense pas que les ministres des Affaires étrangères viennent» (à Genève), avait-il dit à l'issue d'une session de discussions l'après-midi, selon l'agence de presse iranienne Mehr.

«Je ne pense pas que les négociations aboutissent ce soir et on ne peut pas préjuger pour demain», avait ajouté M. Araghchi.

À Washington, le chef de file des démocrates au Sénat Harry Reid a annoncé l'examen de nouvelles sanctions en décembre, une façon d'accentuer la pression sur l'Iran, mais aussi de calmer les faucons du Congrès.

«Ce fut une journée de négociations intenses, substantielles et détaillées, dans une bonne atmosphère. La discussion continue vendredi», a pour sa part indiqué le porte-parole de la diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton, mandatée par les grandes puissances du groupe 5+1 (USA, GB, France, Russie, Chine et Allemagne).

«Une certaine confiance»

Des préparatifs logistiques étaient en cours à Genève pour une éventuelle prolongation des négociations samedi, relançant des spéculations sur une possible venue des ministres des Affaires étrangères, seuls habilités à conclure un accord.

Les discussions de la matinée ont été jugées «sérieuses et utiles», côté iranien. «Nous avons retrouvé une certaine confiance du fait que Mme Ashton parle au nom des 6», a dit M. Araghchi, soulignant qu'il restait «des divergences sur des questions sérieuses».

La négociation porte sur un texte agréé le 9 novembre, lors du précédent round de négociations à Genève, qui s'était achevé sans accord.

Le projet d'«accord intérimaire» de six mois, reconductible selon une source occidentale, prévoit une limitation du programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allègement limité de sanctions. Les détails n'en sont pas connus, mais «tout le monde sait quels sont les principaux enjeux», a souligné le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann, citant particulièrement la question de l'enrichissement de l'uranium, «droit» revendiqué par les Iraniens, mais dénoncé par les Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.

«Le principe de l'enrichissement n'est pas négociable, mais nous pouvons discuter du volume, du niveau et de l'endroit», selon M. Araghchi qui laisse ainsi la porte ouverte à des compromis.

L'un des principaux points en discussion concerne le sort du stock iranien d'uranium enrichi à 20% (seuil critique pour arriver rapidement à un taux d'enrichissement à 90%, ouvrant la porte à l'arme nucléaire).

«Nous cherchons à nous mettre d'accord sur une formulation acceptable par les deux parties», a expliqué un membre de la délégation iranienne devant des journalistes.

À propos des sanctions, le négociateur iranien a admis que «toutes les sanctions pétrolières et bancaires ne pouvaient pas être levées d'un coup, nous parlons d'un accord de six mois».

L'allègement porterait essentiellement sur le dégel d'avoirs financiers iraniens détenus dans des banques étrangères, mais serait assez «limité», répètent les Américains.

Discussions à huis clos, déclarations de fermeté

Pendant que les négociateurs discutent pied à pied à huis clos, les déclarations publiques se sont poursuivies.

Le Sénat américain élaborera en décembre un nouveau volet de sanctions économiques contre l'Iran, a annoncé le chef de file des démocrates Harry Reid jeudi.

«Nous soutenons ces négociations et espérons qu'elles réussiront», a déclaré Harry Reid. Mais «le Sénat doit être prêt à examiner un nouveau projet bipartite de sanctions contre l'Iran après les vacances de Thanksgiving», soit à partir de la deuxième semaine de décembre, a-t-il annoncé.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a «espéré» la conclusion d'un «accord solide» à Genève, mais a répété que cet accord ne serait possible que «sur une base de fermeté».

Mercredi, avant même la reprise des discussions à Genève, le guide suprême iranien Ali Khamenei avait pour sa part répété que son pays ne reculerait pas sur ses «droits nucléaires».

Venu à Moscou pour faire campagne contre un accord avec Téhéran, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis que l'Iran «n'aurait pas l'arme nucléaire». Il a dénoncé les propos tenus la veille par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, selon lequel l'État hébreu est «voué à la disparition».

«Un tel Iran ne doit pas avoir l'arme nucléaire», a déclaré M. Netanyahu.