Les «zigzags» du président américain Barack Obama détruisent la confiance, a affirmé mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

«Le président Obama doit avoir de la cohérence pour renforcer la confiance mutuelle. Les zigzags détruisent la confiance et fragilisent la crédibilité américaine», a écrit M. Zarif sur son compte twitter, réagissant aux propos du président américain qui a affirmé que l'option militaire était toujours sur la table contre l'Iran.

«La supposition du président Obama selon laquelle l'Iran a accepté de négocier à cause des menaces et sanctions illégales est irrespectueuse pour la nation iranienne», a ajouté M. Zarif.

M. Zarif a justifié ses Tweets en expliquant sur sa page Facebook qu'il avait «en deux phrases», «utilisé le ton le plus dur, mais respectueux» envers M. Obama. 

Ces déclarations «sont totalement inacceptables et il n'y a aucun indice que le président américain, au lieu de suivre les extrémistes, joue son rôle dans cette affaire historique», écrit-il.

Mais elles «n'étaient pas inattendues», a ajouté le chef de la diplomatie iranienne.

Selon M. Zarif, «il était clair qu'il tentait de rassurer Nétanyahou et certains pays arabes, qui malheureusement suivent le régime sioniste pour empêcher le règlement de la question nucléaire».

«Nous devons savoir que le processus (de négociations) qui a été engagé sera difficile. C'est une bataille diplomatique et non une relation d'amitié», a-t-il affirmé, en ajoutant que l'Iran «ne permettra pas à Nétanyahou de définir l'avenir des négociations nucléaires».

Le conseiller culturel de M. Rohani, Hessameddine Ashna avait pourtant dit lundi soir que les Iraniens devaient «comprendre les positions de M. Obama, car il est sous la pression énorme du Congrès».

Mais plusieurs responsables militaires de haut rang ont dénoncé le changement de ton des États-Unis.

«Il ne faut pas croire qu'avec un sourire les choses seront réglées et comme on a pu le voir le ton du président américain a immédiatement changé après sa rencontre» avec M. Nétanyahou, a déclaré le général Mohammad Hedjazi, l'adjoint du chef d'état-major des forces armées, cité par le site des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique. Lundi, le chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, avait critiqué «l'erreur tactique» faite par le président Rohani en acceptant de parler avec le président Obama.

Le président américain s'était dit prêt la semaine dernière à l'ONU à donner une chance à la diplomatie pour tenter de résoudre le dossier nucléaire iranien.

Si les négociations échouent, «nous ne renonçons à aucune possibilité, dont l'option militaire», a toutefois affirmé lundi M. Obama au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou qu'il recevait à la Maison-Blanche.

«C'est grâce aux sanctions sans précédent que nous avons réussi à mettre en place ces dernières années que les Iraniens semblent désormais prêts à négocier», a-t-il ajouté.

Les négociations entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) reprendront le 15 octobre à Genève.

M. Obama avait appelé le président iranien Hassan Rohani au téléphone vendredi, notamment pour évoquer la question nucléaire, un geste sans précédent alors que les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques depuis 1980.

À la suite de cet entretien téléphonique et les déclarations du président iranien et de son chef de la diplomatie sur l'affaire nucléaire, le secrétaire d'État américain John Kerry a affirmé qu'un accord rapide sur le nucléaire était désormais possible.

Désaccords entre Obama et Nétanyahou, malgré les apparences

Les désaccords subsistent entre Israël et les États-Unis sur le dossier iranien, malgré l'unité affichée par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président américain Barack Obama, selon les analystes israéliens.

Alors que plusieurs de leurs précédents entretiens avaient été marqués par des désaccords publics, MM. Obama et Nétanyahou ont tenté lors de leur rencontre lundi de minimiser leurs divergences, remarquent les commentateurs.

Le président Obama a ainsi réitéré son engagement, qu'il avait passé sous silence la semaine dernière lors de son discours devant l'assemblée générale de l'ONU, de ne renoncer «à aucune possibilité, dont l'option militaire» si Téhéran tentait de se doter de l'arme atomique.

Il a aussi assuré que les États-Unis entamaient les négociations avec l'Iran «avec la plus grande vigilance», en réponse aux critiques récentes de M. Nétanyahou sur «l'offensive de charme» du nouveau président iranien Hassan Rohani.

De son côté, le premier ministre israélien, qui doit s'adresser mardi à son tour à l'assemblée générale, a tempéré sa rhétorique catastrophiste en semblant s'accommoder de la volonté américaine de donner une chance à la diplomatie.

«L'appréciation de la situation des Israéliens et des Américains est identique : ils estiment que de belles paroles et l'offensive de sourires du nouveau président iranien peuvent s'avérer positives, mais (...) qu'elles devront être corroborées par des faits», a assuré le député Tzahi Hanegbi, un proche de M. Nétanyahou, interrogé par la radio militaire.

Cette unité affichée reflète davantage une convergence d'intérêts conjoncturelle qu'une disparition de leurs désaccords, estiment les commentateurs israéliens.

«Obama a donné à Nétanyahou ce qu'il voulait - son engagement à une action militaire si nécessaire - et Nétanyahou a donné à Obama du temps pour tenter de négocier avec l'Iran», résume la correspondante de la première chaîne publique de télévision israélienne, en déplacement aux États-Unis avec le premier ministre.

«L'homme le plus isolé à l'ONU»

Sur les grands principes - l'objectif d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et le maintien de l'option militaire -, Israël et les États-Unis restent sur la même longueur d'onde, malgré la récente détente entre Washington et Téhéran, selon les analystes.

Mais c'est dans le détail, notamment sur la question des sanctions, que les divergences subsistent, la correspondante à Washington du quotidien Yediot Aharonot relevant que plusieurs postulats américains restent «inacceptables pour Israël».

Elle cite ainsi le fait que les États-Unis ne posent pas comme condition à la levée des sanctions une cessation complète de l'enrichissement d'uranium ni la fermeture de centrales nucléaires iraniennes, ne fixent pas de calendrier pour mettre fin au programme nucléaire iranien, et n'excluent pas que l'Iran puisse produire de l'énergie nucléaire civile, alors qu'Israël exige un démantèlement complet du programme.

«Un des principaux points de désaccord» apparus lors de la rencontre, indique le correspondant diplomatique du quotidien Maariv, «concerne l'exigence de Nétanyahou que l'Iran interrompe son programme nucléaire pendant les négociations», sous peine d'aggravation des sanctions, des «positions dont il est très improbable qu'elles soient acceptables pour Obama».

Le correspondant diplomatique de Haaretz rappelle quant à lui l'«abysse» qui sépare les deux dirigeants sur l'Iran : «Pour le premier ministre israélien, l'Iran est Amalek, l'ennemi juré des Juifs dans la Bible (...) Il ne croit pas au dialogue avec l'Iran, préférant les sanctions et la force militaire. Obama de son côté s'est fixé comme but depuis son entrée à la Maison-Blanche en 2009 de lancer un dialogue direct avec les Iraniens».

Washington et ses alliés soupçonnent le programme nucléaire iranien d'avoir des visées militaires, ce que Téhéran dément.