Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a jugé «nécessaire» dimanche un changement d'attitude des États-Unis pour un dialogue bilatéral sur le dossier nucléaire, et fustigé les sanctions économiques américaines imposées à son pays.

«Le changement de ton est nécessaire, mais pas suffisant. Arrêtez de pointer une arme sur nous et moi-même je négocierai avec vous», a lancé le président à l'adresse des États-Unis, dans un discours à Téhéran pour marquer le 34e anniversaire de la Révolution islamique.

«Vous avez tout fait pour nous empêcher de devenir (un pays) nucléaire et vous avez échoué. La meilleure solution est la coopération et l'entente», a-t-il ajouté, en appelant à «un dialogue dans le respect, la justice et non sous la pression» des sanctions économiques.

Les États-Unis, ennemi historique du régime islamique, ont annoncé ces derniers jours être prêts à un dialogue direct bilatéral avec Téhéran dans le cadre des négociations avec le groupe 5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) sur le dossier nucléaire, tout en annonçant de nouvelles sanctions unilatérales contre Téhéran.

Mais le guide suprême iranien Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur les activités nucléaires, a rejeté jeudi tout dialogue sous la menace.

M. Ahmadinejad a appelé les Iraniens à rester «unis derrière le guide»,  réaffirmant que «la nation iranienne ne renoncera pas d'un iota à ses droits légitimes» concernant le nucléaire.

Après plusieurs mois d'interruption, le groupe 5+1 et l'Iran doivent reprendre leurs discussions le 26 février au Kazakhstan.

Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous le couvert de son programme civil, une accusation que Téhéran nie catégoriquement.

Une série de sanctions occidentales visant notamment les exportations de pétrole, vital pour l'économie, et le rapatriement des pétrodollars, a provoqué depuis l'été 2012 une crise économique aiguë en Iran.

Mais selon un récent sondage de l'institut américain Gallup, le programme nucléaire est soutenu par une grande majorité de la population iranienne, malgré les difficultés économiques.

L'Iran marquait dimanche le 34e anniversaire de la Révolution islamique avec des foules importantes de manifestants à travers le pays, selon les images de la télévision d'État.

Le rassemblement principal a réuni plusieurs centaines de milliers de personnes sur la place Azadi (Liberté), dans l'ouest de Téhéran, sous un soleil presque printanier. Environ 150 journalistes étrangers ont été accrédités, selon les autorités. Étroitement encadrés, ils ne pouvaient couvrir la manifestation que depuis des podiums officiels.

Comme lors de toutes les manifestations officielles, la foule scandait «Mort à l'Amérique» et «Mort à Israël», brandissant des drapeaux iraniens, des portraits du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny et de son successeur, l'ayatollah Khamenei.

Certains portaient également des pancartes avec l'inscription «Nous résisterons éternellement», alors qu'une autre se moquait «des sanctions paralysantes, juste des chatouilles».

Dans un coin de la place, les autorités avaient installé une reproduction de la fusée avec laquelle l'Iran affirme avoir lancé une capsule contenant un singe dans l'espace fin janvier.